samedi 12 mai 2007

This machine is used to kill all the fascists

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Ah ah j’adore cette phrase bien que ce soit le seul point commun entre Woody Guthrie et moi -lui parlait de sa guitare alors que moi j’ai étudié le piano classique (mais avec mes pieds), lui est mort depuis très longtemps de la maladie d’Huntington (en 1967 je crois) alors que moi je suis encore bien vivant et que c’est plutôt le genre de saloperie que je souhaiterais à mon pire ennemi si j’en avais un et si j’étais vraiment rancunier et vicieux mais ce n’est absolument pas mon genre, non en fait ce nom d’Huntington n’évoque pour moi qu’un petit groupe de punk américain qui ne s’est jamais remis des Ramones et passe son temps à les imiter et d’ailleurs j’ai un disque d’eux que je n’écoute jamais, c’est un split album qu’ils partagent avec les Darlingtons, un autre petit groupe de punk américain qui ne s’est jamais remis des Ramones et passe son temps à les imiter et d’ailleurs, enfin bref.
J’adore cette phrase -cette machine sert à tuer tous les fascistes- et sa descendance directe, des compilations sous forme d’un double 45 tours et aux noms de Fâchons les fachos et Désintégrons les intégristes (et même dans mes souvenirs fantasmagoriques Récurons les curés) mais tout ça c’est du flan, une guitare ou même un disque ça ne permet au mieux que de tuer un peu l’ennui, de passer le temps ou de penser à autre chose…
… Mais je l’adore d’autant plus cette phrase qu’elle me parait particulièrement adaptée aux Young Gods, ce pauvre trio de suisses bricoleurs qui ont remplacé quasiment toute l’instrumentation de leur musique par du sampling : quelle bonheur de les voir en concert, de se fracasser contre la scène trop haute pendant qu’ils exécutaient Longue Route ou Envoyé, d’entendre ces sons de guitares en boucle, étirés jusqu’à la moelle ou passés à l’envers et d’ouvrir les yeux sur cette absence flagrante de guitare sur la scène toujours beaucoup trop haute -alors tout devenait possible, avec la musique tout peut devenir possible et c’est je crois ce que voulais dire mon ami Woody, c’est à toi de voir, c’est toi.























Sur la pochette du nouvel album des Young Gods il y a un flingue, du moins une empreinte de flingue et surtout ce disque marque le retour de leur collaboration avec Roli Mosimann qui a tout mixé -ce type qui les avait accompagnés dès leur premier maxi et qu’ils avaient lâché après Only Heaven en 1995 alors qu’ils n’auraient vraiment pas du : tous les disques parus sans l’aide de Mosimann sont ceux que je n’aime pas, que je n’écoute jamais et que je n’ai pas, Mosimann est sans aucun doute possible le quatrième homme des Young Gods.
Alors ce nouvel album qui tue les fascistes mais sans guitares et avec un flingue glitter à paillettes je l’aime comme au premier jour (malgré ce titre -le cinquième je crois- parfumé au sitar patchouli et à la voix moulinée au vocoder new age), mon premier jour avec les Young Gods et je ne saurais vraiment en dire plus, oui c’est moi qui vois, comme des étincelles dans la tête.


[Ils ont mis quatre extraits de Super Ready/Fragmenté par ici alors autant en profiter tout de suite avant que ça change.]