dimanche 13 mai 2007

Who are the brain police ?

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Voilà ce que j’ai noté sur un petit bout de papier : le 15 mai, le 16 mai, le 18, le 21 et le 27 mai puis le 2 juin -avec dans l’ordre d’apparition Marvin, Ovo, Tony Conrad, Ike Yard, Mark Cunningham, Psychic Paramount, Yellow Swans, Zëro, Sun God Motel et Oxbow, OUCH ! C’est ce qui s’appelle un programme chargé.
Trop de concerts tue les concerts, c’est ce que j’ai entendu vendredi soir à celui des Molecules et effectivement dans la salle il y avait au maximum trente personnes, d’où la sentence du jour et la déception des organisateurs. D’ordinaire à tous les concerts des Molecules auxquels j’ai pu assister il y a toujours eu du monde, de l’enthousiasme, des ivrognes, des vieux connaisseurs et des jeunes éberlués. Là, c’était un peu vide devant la scène, ce ne devait pas être très motivant pour le groupe et Ron Anderson avant de démarrer a joué la carte de l’ironie, on allait voir ce qu’on allait voir.
Auparavant c’est Glen Or Glenda qui s’était chargé de décoller du bar une assistance clairsemée, ils y sont très bien arrivés avec leurs instrumentaux métronomiques dirigés par une basse un peu trop technique à mon goût (encore un type qui joue plus d’accords à la seconde qu’il n’a de doigts pour les compter) et ponctué par un synthé pourrave (un Korg ?) et/ou de la clarinette alto -tout ça finit de temps en temps par déraper, bouillonne dans la freeture puis repart toujours sur une ligne de basse irréprochable, rien à voir avec Ed Wood donc.
Le son est approximatif, il n’y a jamais de riffs accrocheurs, cela ne se tient pas et part en vrille au bout de dix secondes, les voix sont pas terribles, c’est jazz dans le pire sens du terme, on n’est même pas sûr que le côté guitar-héro c’est vraiment pour rire, cela donne envie de partir et pourtant ça fonctionne donc on reste
-c’est la deuxième sentence de cette soirée de vendredi, à propos de la prestation des Molecules. Si j’en arrive à la même conclusion (on reste) c’est avec des arguments complètements opposés à ceux-ci : cette musique n’est que cirque et débilité, les Molecules savent tellement bien jouer qu’ils arriveraient à dégoûter Yngwie Malmsteen et Joe Satriani réunis à force de mettre autant de conviction à bousiller ce qui pourrait ressembler à de la musique ultraphallique et de la virtuosité professorale. Première mention spéciale à ce passage où la guitare étant en carafe (problème de jack), la batterie et la basse ont improvisé un petit duo explosif et deuxième pour la reprise de Spiderman, l’art du mauvais goût et le mauvais goût de l’art.
Les gens qui sont restés (soit une vingtaine de personnes) étaient ravis et le groupe également, ça plaisantait allègrement sur la trompette de poche oubliée à Brooklyn, c’était vraiment un bon concert. Mon seul regret est que les Molecules n’ont pas rejoué cette reprise des Mothers Of Invention qu’ils savent si bien faire et dont le titre colle si bien à l’actualité : Who Are The Brain Police ? Dans les conversations d’après concert le sujet est bien évidemment tombé sur le tapis et Ron Anderson a pris un air sincèrement compatissant en parlant de notre little Bush à nous. Merci Ron mais je ne crois pas que cela sera suffisant.