vendredi 31 août 2007

Black Engine






















Le fait que ces derniers temps Mick Harris ait troqué sa canne à pèche contre un semblant de vie sociale et revienne donc à la musique est peut être la meilleure nouvelle de 2007. L’autre bonne nouvelle c’est ce groupe avec lequel Michel Tornado joue parfois : Black Engine. Le premier album du nom de Ku Klux Klowns est sorti au printemps chez Wallace records et pour l’instant il figure sans problème à la première place de mes émois musicaux pour cette année.
Je ne suis pas un fan absolu de Zu (ce groupe pourtant déchaîne chez certains des commentaires enflammés) et je connais assez mal le travail de Eraldo bernocchi, mise à part deux ou trois vieilles collaborations avec Mick Harris et encore, l’album Overload Lady est assez lassant alors que Total Station m’est lui complètement passé au dessus de la tête, peut être à tort. Mais la réunion de ces deux entités -donc Zu et Eraldo bernocchi- sous le nom de Black Engine c’est vraiment tout autre chose.
Je suis bien obligé de reconnaître qu’il y a des zestes de Zu dans la musique de ce groupe mais pas seulement. L’assise rythmique est vraiment impeccable mais ici le couple infernal basse/batterie prend un peu moins de place : le saxophone, les guitares et les effets électroniques sont là et bien là pour ériger ces murs du son titanesques et abruptes. Le côté free n’est certes pas mis totalement de côté mais il y a parfois du dub là dedans et encore plus il y a un rapport masse/volume tel que je n’en avais plus entendu depuis, disons et sans exagérer, depuis certains titres de God ou de 16/17. La comparaison avec le trio suisse est d’ailleurs assez facile (grosse basse de léviathan sous acide et saxophone hurlant comme sur Gyatso) mais ne saurait en aucun cas être limitative : Black Engine ne joue pas à fond la carte du martèlement et du répétitif, varie ses motifs, passe du groove arachnéen au blast thermonucléaire, allume les guitares pour enflammer le sax baryton, change la déco régulièrement en remplaçant le fil barbelé par des lames de rasoir et ça repart aussitôt comme si de rien n’était, à grand coup de machette sonique pour se tailler un chemin dans un paysage sombre et aride.
Black Engine fait donc partie de ces rares groupes à avoir trouvé la recette, hasardeuse mais efficace lorsqu’elle réussit, d’un rock ouvertement agressif (mais ni hard core ni metal), d’un jazz free mais jamais gratuit ou facile, d’une oppression digne des musiques industrielles les plus dures et d’un cri primal qui flirte avec la démence d’un prophète annonçant une catastrophe imminente -les Swans et Naked City sont dans un bateau, etc. J’exagère ? Bon, allez, le huitième titre se voudrait presque reposant avec ce côté ambiance de souterrain ou de parking de centre commercial désaffecté, de quoi effectivement avoir un tout petit peu moins peur.