lundi 13 août 2007

Hrsta [prononcez her-shta]

.
Cela fait plusieurs jours que j’écoute Ghots Will Come And Kiss Your Eyes, le troisième album de Hrsta, le deuxième pour Constellation. Comme pour le précédent Stem Stem In Electro je me suis tout d’abord emballé, complètement débordé par le lyrisme lugubre de cette musique intimiste et puissante -le tour de force d’une telle alchimie étant la résultante d’éléments aussi variés que fédérateurs : le son de guitare de Mike Moya peut prendre des tournants vertigineux (il est, rappelons-le, l’un des principaux fondateurs de Godspeed You! Black Emperor), son timbre de voix laisse couler un chant parfaitement androgyne (par moment ce serait même Bowie et Marc Bolan réunis, l’étrangeté du premier et la beauté du second en moins mais le cérémonial de la dernière chance en plus, façon Nico époque June 1, 1974), les musiciens ont l’air plus que compétents (sur le premier album, des membres de Molasses, sur le deuxième d’autres de Hanged Up ou de Silver Mount Zion et sur le nouveau Brooke Crouser, organiste de Jackie-O Motherfucker), les idées de chansons sont répétées telles des mantras cathartiques. Que du beau. Mais qui finit par laisser une impression vitreuse, à l’image du chant de Mike Moya -un chant peut être androgyne mais maîtrisé et curieusement calé à la perfection : Hrsta est la contemplation de la flamme d’une bougie mais cette flamme ne vacille pas, la bougie est protégée dans un lumignon.






















Sur Ghots Will Come And Kiss Your Eyes l’alternance de chansons et d’instrumentaux est la règle. Aux complaintes d’un Moya plus tristement lyrique que jamais succèdent des paysages parfois soulignés d’un accordéon profond (on entend très bien le claquement des touches, ce matérialisme du son est l’une des grandes réussites de cet enregistrement) dont la tristesse un peu forcée ne dépareillerait pas dans la bande originale d’un film français nostalgique tourné à Montmartre mais à vocation universelle, sacrés français. Que du beau là aussi qui ne touche et ne convainc que par intermittence, voire installe un certain confort.
A l’automne dernier je n’avais pas assisté au concert d’Hrsta pour me rendre compte par moi-même de la petite flamme et je ne sais pas si j’irai ou non lors du prochain passage du groupe : sans la barrière du disque, sans la paroi de verre d’un bougeoir !k#@ cette musique peut elle vaciller comme le laisserait supposer Hechicero del Bosque et sa magnifique déambulation de fin de parcours, dominée par un chant d’exorciste ? Un titre comme Tomorrow Winter Comes, manteau neigeux fait de guitares fantômes à peine dérangées par un orgue cristallin, peut il être aussi apaisant ? Pour l'instant le folk noir du groupe de Mike Moya garde pour moi ce mystère insoluble.