mardi 22 janvier 2008

Disfear / Live The Storm

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La métallurgie américaine est en crise : après les albums très décevants de Cephalic Carnage (Xenosapiens) et de Pig Destroyer (Phamtom Limb), la catastrophe Dillinger Escape Plan (Ire Works) ou les rééditions anecdotiques (Disrupt), le label Relapse semble compter sur la vieille Europe pour redorer son blason et renflouer ses caisses : Doombringer, un album live posthume/pro thunes de Nasum est prévu pour le 4 mars prochain mais ce qui fait l’actualité du label c’est l’album -le premier depuis cinq années- des suédois de Disfear : Live The Storm. Un album enregistré avec l’aide de Kurt Ballou, que l’on ne présente plus…
Tomas Lindberg (ex At The Gates) occupe le poste de chanteur au sein du groupe depuis le précédent Mysanthropic Generation -il se fait désormais appeler Tompa, un vieux surnom qu’en Suède on donne à tous les gens qui s’appellent Tomas- tandis qu’Uffe Cederlund a lui quitté Entombed pour rejoindre Disfear : on est donc entre de bonnes mains mais est ce suffisant ? Parce que des groupes comme Disfear qui boulonnent des riffs façon Discharge à la sauce rock’n’roll ce n’est pas ce qui manque, surtout du côté de la Scandinavie.






















Ce qui frappe avec Live The Storm, c’est le son : Get It Off qui ouvre le bal a le grain de toutes les productions du genre, légèrement tiède comme la flasque de gnôle conservée dans la poche arrière d’un pantalon crasseux. Fini le metal crust trop produit et trop clinique de Mysanthropic Generation, même si les riffs sont ici d’une propreté impeccable et sans faux plis : toujours sur Get It Off on a l’impression d’écouter une version énervée et très speedée de Turbonegro, disons du Ass Cobra passé à l’accélérateur de particules. Lorsque la voix débarque, c’est bien sûr toute autre chose mais cette impression revient quasiment systématiquement sur chacun des titres, à chaque passage instrumental ou à chaque solo de guitare, tous étonnement mélodieux et posés, des soli virtuoses mais simples donc accrocheurs, du Fast Eddy Clark comme lui-même n’en fait plus. Parce que plus l’écoute de Live The Storm avance, plus la référence à Motörhead est également évidente.
Les titres s’enchaînent de façon un peu lassante, se ressemblant les uns les autres, seul le tempo varie quelque peu en allant du très rapide au furieusement rapide. L’autre facteur de lassitude est cette voix, monocorde, d’une conviction forcée, sans aucun timbre ni couleur si ce n’est celle de n’importe quel chanteur de metal core beaucoup trop balèze. Un mec plus nuancé -quitte à ne pas avoir peur de chanter faux- aurait donné bien plus de caractère à un disque qui du coup perd en pertinence. Du rock’n’roll pertinent ? Disons alors que ces vocaux gutturaux sentent plus la salle de sport que la tiédeur de la gnôle qui attend toujours dans la poche arrière du futal. C’est bien dommage parce que Live The Storm s’achève sur le long Phantom (plus de sept minutes alors que la plupart des autres titres dépassent à peine les trois) qui réussit, après une intro en trompe l’oeil, l’exploit d’associer la rapidité et la concision d’Ace Of Spades sur la durée d’Overkill -développements à rallonge inclus- et non je ne rigole pas.