jeudi 24 janvier 2008

En français dans le texte

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C’est curieux, ce n’est qu’au bout de plusieurs écoutes que j’ai enfin réalisé que le chant chez Le Massacre Du Client De 15 Heures (oui c’est bien le nom du groupe) était en français alors que j’ai toujours eu un réel problème avec ça -problème partiellement résolu avec quelques vieux groupes, comme les Marquis De Sade qui parfois chantaient en français, ou avec d’autres beaucoup plus récents qui en hurlant littéralement me font passer toute envie de concrètement m’intéresser à leur prose, par exemple les suisses d’Iscariote (rip) ou Cortez. Ce ne sont pas les mots en eux-mêmes qui me hérissent mais bien cette façon toute rimbaldienne de les exposer en traînant sur les dernières syllabes, comme si le rocker français était forcément un poète maudit, comme s’il avait forcément des trucs intéressants à dire alors que, de manière fort triviale, le rock et tous ses rejetons ne parlent que de deux ou trois sujets différents (allez, quatre : le cul, la défonce, l’ennui et la mort) dont la bonne compréhension ne mérite pas un vocabulaire particulièrement littéraire ni une quelconque ostentation verbeuse. Inversement traduire certains textes de l’anglais/américain au français pour permettre au jeune homme que j’étais de se faire une idée définitive sur un groupe a parfois été fatal : les textes de Jim Morrisson me sont ainsi apparus comme de la bouillie ridicule me faisant radicalement détester l’emphase kitsch et définitivement pas rock’n’roll des Doors au profit par exemple de la simplicité d’un Marc Bolan -get it on, est ce que j’ai besoin de traduire ?














 

J’écoute donc plusieurs fois le premier disque complètement autoproduit du Massacre Du Client De 15 Heures (le nom du groupe aurait quand même dû me mettre la puce à l’oreille), je goûte à son scremo -ça veut dire je crie très fort- à forte tendance rock’n’roll en pensant aux débuts de JR Ewing, un groupe norvégien qui a très mal fini. Ces jeunes gens viennent de Paris (et un peu de Belfort), ils n’ont pas l’air de faire beaucoup de concerts en dehors de la petite couronne (c’est la galère habituelle quoi) aussi je ne m’attends pas à les voir sur une scène un de ces jours. Mais ils prouvent qu’à la capitale et alentours il y a quand même des groupes qui donnent dans autre chose que la révolte adolescente garage sixties ou le look emo/H&M, cette ville est un peu la honte du pays il faut bien le dire.
Pour en revenir au disque après cette petite digression provincialiste et réactionnaire j’en conviens, ce qui m’amuse le plus ce sont les interludes avec rythmiques bontempi pendant que la guitare aligne un plan simpliste. La pochette aussi vaut le coup d’oeil, si j’ai bien compris son auteur est un membre du groupe et torche également des affiches et autres tracts à ses heures perdues. D’accord, je change encore de sujet donc, pour en finir : malgré quelques petites baisses de tension, Le Massacre Du Client De 15 Heures est un groupe tout à fait capable de faire swinguer ses guitares saturées sur des rythmiques éventuellement bien enlevées, les textes sont peut être bizarres mais je ne les comprends pas parce que le chanteur fait tout ce qu’il faut pour ça (mais j’adore les titres comme Cours Petit Mollusque, Tu Ne Feras Jamais De Roller ou Moi Ce Que J’aime Dans La Vie C’est Johnny Hallyday Et Les Films Porno) et il ne faut pas compter sur moi pour aller lire les quelques bribes de paroles imprimées dans le livret.