mercredi 13 février 2008

Lydia Lunch et Pumice au Sonic

























Lydia Lunch, un concert pour les vieux organisé par des vieux et en ce mardi soir il y a affluence, j’en suis même légèrement épaté. A croire que dans cette ville il ne se passe jamais rien d’intéressant. Quelques corbeaux à cheveux longs et ongles noirs aussi, un petit peu d’anthropologie n’a jamais fait de mal à personne.
En attendant que Pumice s’installe pour son set, l’un des organisateurs du concert (branche canal historique) envoie dans la sono une compilation dont il a le secret, au passage je reconnais quelques balles comme les Detroit Cobras ou Hot Snakes -on n’est jamais assez punk n’est ce pas- et c’est finalement la bande son idéale pour les conversations habituelles qui vont bon train, quelques ragots qui me font mourir de rire circulent et j’apprends, outré, que je n’avais pas quitté le bar d’un centimètre lors du concert de Scorn la semaine précédente, franchement je devais me trouver dans un bien drôle d’état.


















Stefan Neville, le gars de Purnice, monte sur scène avec son sac à dos, il vient sûrement d’arriver d’une randonnée à la campagne. Il prend le temps d’enlever chaussures et chaussettes, il va jouer de sa batterie ultra minimale pieds nus mais je ne suis pas sûr qu’il agisse ainsi en hommage à Grant Hart. En fait il actionne la grosse caisse avec le pied droit et la caisse claire (couchée et munie d’un pédalier) du pied gauche. Il joue aussi d’une guitare minuscule -c’est un jouet ?- toute bricolée et toute rafistolée. Quelques pédales d’effet sont posées sur la grosse caisse. Il chante, mal mais on s’en fout, d’une voix hyper lointaine noyée dans de la reverb. Le son est bizarroïde, saturé et dégueulassé à point, il n’y a pas beaucoup de changements dans le dispositif par rapport à ce que j’avais pu deviner sur quelques vieilles photos, il n’y a pas non plus de différences notoires avec les disques sauf que cela ne me le fait pas. Le son est certes un peu faiblard -je suis devant la scène mais j’arrive quand même à entendre les conversations des poivrots au bar loin derrière moi- mais là n’est sûrement pas l’explication au manque de relief et d’attrait de la musique de Purmice sur scène. J’avoue que Stefan Neville a quand même eu du cran de jouer devant une salle pleine dont l’audience n’a jamais entendu parler de lui et s’est déplacée pour quelqu’un d’autre. Je décide moi aussi de rejoindre le bar lorsque Purmice entame un titre dont l’intro rythmée me conquiert mais c’est trop tard, je suis démotivé et ne rentrerai jamais dans ce concert.


















Un peu de mondanités, des cigarettes fumées à l’extérieur dans le froid et des bières pour se réchauffer. Les gens se sont massés devant la scène, il est évident que Lydia Lunch est très attendue. Je remarque un écran blanc dans le fond, il va donc aussi y avoir des projections. Le kit de Ian White est essentiellement composé de toms et d’une caisse claire. Tout le reste de la musique sera sur bandes. Mélanie Gautier, chargée de la traduction en direct des textes de Lydia Lunch s’installe sur la gauche et la reine de l’underground arrive à son tour, robe noire et sobre.
A priori le système de traduction est bien maîtrisé : Lydia Lunch et Mélanie Gautier alternent, la seconde ne traduisant d’ailleurs pas toujours l’intégralité des spoken words de la première. La musique est plutôt atmosphérique avec à l’occasion un fort accent jazzy et Lydia Lunch est assez forte pour lâcher ses mots de sa voix traînante et désormais plutôt grave (et oui on n’est plus à l’époque de Teenage Jesus). Malheureusement la traduction gâche un peu tout : je n’ai rien contre Mélanie Gautier, belle voix au demeurant et une certaine présence, mais les passages où Lydia Lunch parle seule sont les meilleurs. Le jeu de percussions de Ian White ne me convainc guère non plus, trop démonstratif et n’apportant pas grand chose, surtout pas de l’action ce qui est un comble.


















Le manque d’action c’est même ce qui fait cruellement défaut à cette performance. Il est heureux que Lydia Lunch ait abandonné les velléités musicales de son album Smoke In The Shadows (2004) et cet espèce de trip hop jazzy avec vocaux à moitié rapés mais la formule des spoken words mis en musique se révèle plate, sans émotion, sans conviction, éteinte. Il ne se passe toujours pas grand chose lorsque je quitte pour la deuxième fois de la soirée le devant de la scène pour aller me réfugier au fond de la salle où j’entends mieux ce qui se passe mais où, c’est certain aussi, je décroche complètement. J’essaie de me focaliser un peu sur les textes mais les histoires de sexe vaudou, de dépendance, de sang et de fantômes de Lydia Lunch ne m’intéressent pas plus que cela -s’il y a un quelconque message, du moins une impression à en tirer, je passe complètement à côté. Je sors carrément mais je n’ai pas longtemps à attendre avant de me rendre compte que c’est déjà fini et que tout le monde s’en va -peu ou pas d’intensité, timing maigrichon, je préfère penser que ce soir là c’était juste un jour sans pour Lydia Lunch.