mardi 1 avril 2008

Glu / Aucun But


Je pourrais faire le malin en racontant que GLU je les ai vus en concert il y a plusieurs paires d’années déjà, en final d’un F.O.C.U. (Forum Ouvert des Cultures Underground -faut pas chercher, c’est de l’humour de jeunes punks pas encore reconvertis dans la tenue de café-librairies et autres bars sans alcool pour bobos ultra concernés par l’état du monde). Un concert avec plein d’autres groupes dont je ne me rappelle même pas le nom, un concert dont j’ai été incapable de retrouver le flyer dans les boites à chaussures qui me servent de patafatras à archives et à n’importe quoi. Je me souviens juste de l’effervescence des gens des associations ou autres venus de la (F)rance entière et qui se rencontraient souvent pour la première fois (organisateurs de concerts, tourneurs, zines, radios, groupes…), je me rappelle aussi du mailorder Sugar & Spice qui s’était déplacé avec ses caisses de disques et s’était fait ce jour là des couilles en or, sale capitaliste de merde, une énième preuve que fouiller dans un bac est quand même autrement plus bandant que cliquer sur une souris.
Donc j’ai vu Glu en concert, à une époque où le groupe n’avait pondu que deux 45 tours que j’avais enregistrés sur une cassette que j’ai perdue comme tant d’autres, j’ai vu Glu en concert avant que le groupe ne disparaisse de la circulation et je ne m’en souviens absolument pas, l’insulte suprême : soit je dormais déjà (la fatigue de cette folle journée, se faire chier tout l’après midi à tenir un stand qui intéresse personne, je ne connais rien de pire…), soit j’étais déjà parti, ce qui revient au même.






















Pourtant on ne peut pas oublier la musique de Glu -désormais immortalisée sous la forme d’un CD, Aucun But, qui marque le retour du groupe aux affaires- que ce soit dans sa formule complète, avec section rythmique, que dans sa forme primitive et épurée avec juste les deux guitares qui hurlent et la voix qui hurle encore plus fort des textes d’une noirceur et d’une crudité que l’on ne peut que se prendre dans la gueule, sans avoir à chercher ailleurs ce qu’ils peuvent bien raconter. Extrait : le sac sur le tête/me fait survivre/le sac sur le tête/me remplit de joie/le sac sur la tête/ne plus voir personne/le sac sur la tête/enfin libéré. C’est du brutal. Je veux vivre dans ta tête déclame également Gros Pierre -moi, non, je ne veux pas.
Question musique, on est au diapason : d’un côté une guitare qui balance des rythmiques ultra noise et lourde (avec un petit côté Unsane, façon je t’écrase et je jouis) et de l’autre une autre guitare saturée d’effets -fabriqués à la maison d’après ce que j’ai compris- dont le seul but est de réduire en miettes ce qui reste d’humain chez l’auditeur. Le malaise obtenu est purement obsédant. Glu c’est le catalogue de la haine des autres, de la haine de soi, de la haine de la vie absurde, consumériste, vaine, dirigée, canalisée, programmée. Trop de merde dans mon corps/il faudra tout vider/et vite : c’est exactement ce que fait Glu sur Aucun But, vomir, chier, se purger parce que ça fait du bien tout en sachant pertinemment qu’il faudra quand même recommencer toujours et encore, dégueuler, baiser avec la brutalité, ne plus se faire mettre par elle ne serait ce que le court instant d’une chanson. Torture/le bâillon sur la gueule/torture/dans le sens du poil/torture/valeur fortifiante/torture/ce cocon rassurant.
Aucun But
est sorti sur Rekin records, le propre label de Glu, autoproduction que l’on peut se procurer en le demandant poliment pour la modique somme de 12 euros, port compris. Sinon, pour égayer un chouïa cette chronique, on peut toujours essayer de rigoler en lisant une interview débile télécharchable en pdf et réalisée par PPPzine, encore un grand malade.