jeudi 22 mai 2008

Bis Repetita


Pas beaucoup de personnes présentes ce matin pour soutenir Barbe à Pop lors de son procès. Une soixantaine de personnes à tout casser. J’espère que dans l’esprit des gens cela ne fait aucune différence de soutenir le Sonic ou n’importe quelle association organisatrice de concerts -même lorsque la programmation de cette dernière n’interpelle pas beaucoup (ce qui est franchement mon cas avec Barbe à Pop : rien à foutre de la pop naïve avec bontempi à deux balles)- mais honnêtement je n’en suis pas très sûr. Soutenir le Sonic c’est bien, soutenir Barbe à Pop (ou Ostrobonie, S’étant Chaussée, Under A Big Black Sun, l’Académie Du Bruit, Kagaumi ou Tom-Tom, la liste est longue…) c’est pareil. Pas de salles sans associations et vice versa.
Passer les portiques est donc moins fastidieux que les fois précédentes, sur place on peut remarquer un caméraman de TLM et un autre de M6. Trouver une place assise dans la salle d’audience n’est pas très compliquée non plus. La cour arrive, tout le monde se lève comme à l’école, le juge râle parce que les caméras sont encore là et qu’elles filment son arrivée, ce qui est interdit. Ces messieurs de l’audiovisuel s’en vont et le juge prononce les délibérés des affaires traitées lors de la session précédente du tribunal de proximité. Comme d’habitude il s’agit la plupart du temps d’infractions au code de la route (passionnant comme boulot d’être juge, cela m’a l’air aussi bonard qu’être comptable) mais on remarque le cas d’un revendeur de fruits et légumes qui se prend plus de sept milles euros d’amende pour avoir vendu des produits daubés. La grande classe.

Le jeune homme à lunettes qui se cache derrière barbe à Pop est appelé à la barre. Il a à peine le temps de décliner son identité que le plus extraordinaire se produit : le représentant du ministère public demande le report du procès car dit-il il n’a pas eu le temps de consulter et d’étudier toutes les pièces déposées en greffe. L’avocat du collectif pour l’affichage libre argumente alors qu’il a lui-même déposé toutes les pièces il y a exactement une semaine et que ses arguments et conclusions seront identiques et celles et ceux défendus lors des audiences relatives au Sonic. Le représentant du ministère public visiblement mal à l’aise change alors son fusil d’épaule et invoque une nouvelle pièce que lui a récemment communiqué la municipalité de Lyon et qu’il voudrait verser au dossier. L’avocat a beau rétorquer que normalement le dépôt est clos et que le procès peut commencer, le juge tergiverse, écoute le ministère public et lui donne raison : l’affaire est donc reportée au 19 juin ! Même genre de scénario que pour le Sonic. Il y a une évidente mauvaise foi dans tout cela, il est clair (je le pense vraiment) que tout a été fait pour que l’audience n’ait pas lieu -tentative de temporisation pour démobiliser les gens qui se sentent concernés par la question de l’affichage libre à Lyon.
Justement, en dehors du palais de justice, les discussions vont bon train entre ceux qui regrettent un certain relâchement au sein même du collectif et ceux qui pensent qu’il faut rester sur une ligne dure (en gros : contester les amendes ce qui aboutit obligatoirement à un procès auprès du tribunal de proximité) pour remotiver coûte que coûte les troupes. Il est aussi question de discrimination : comment se fait il que les grosses organisations de concerts et les institutionnels du spectacle ne soient pas également poursuivis alors qu’ils pratiquent aussi ces méthodes d’affichages que la mairie de Lyon reproche aux petites associations ? Quel beau mystère…