samedi 21 juin 2008

Nadja / Tümpisa vs Trinity





















L’amateur moyen pensait être débarrassé du cas Nadja après la parution du mitigé Desire In Uneasiness et bien non : ce serait bien mal connaître Aidan Baker et Leah Buckareff qui ont plus d’un tour dans leur sac ou plus exactement plus d’un enregistrement de leur groupe sur leur disque dur. Nadja confirme une fois de plus que le duo est un animal de studio, prêt à pondre du son au kilomètre, multipliant les sorties sur autant de labels différents que l’on puisse imaginer. Pourquoi pas, tant que la qualité est au rendez-vous.
Voilà donc Tümpisa, un bel objet qui se présente sous la forme d’un split LP avec d’un côté Nadja et de l’autre 5/5/2000. Du bon gros vinyle bien lourd dans une épaisse pochette cartonnée avec inserts à l’avenant et, c’est tellement la mode que ce n’est même plus une surprise, un CD qui reprend exactement le même tracklisting que le LP. Accident Prone, label californien ayant assuré cette sortie, affirme que ce disque est déjà épuisé.
La face Nadja ne comporte qu’un seul titre de quelques vingt minutes. Spahn est du metal atmosphérique totalement dans la lignée de tous les enregistrements précédents de Nadja, oui mais c’est un enregistrement avec boite à rythmes et après l’échec relatif de la tentative d’inclure un vrai batteur dans le line-up de groupe, ce retour aux fondamentaux industriels du duo fait plaisir à entendre. Nadja sait faire principalement deux types de morceaux, ceux qui montent et ceux qui descendent. Spahn est un titre qui descend c'est-à-dire qu’une fois bien mis en place, le son du groupe s’altère progressivement, donnant une sensation d’ensevelissement très apaisante malgré le côté sombre de la musique. Rien de nouveau mais que du bon.
La face 5/5/2000 propose trois titres de musique ambiante mais lourde : on croirait entendre une intro à rallonge d’un long morceau de Nadja mais il n’en est rien puisque derrière ce nom mystérieux -tiré de 5/5/2000 - Ice: The Ultimate Disaster, un bouquin mi écolo catastrophiste, mi mystico divinatoire d’un certain Richard Noone, pas lu- on trouve Travis Ryan, un membre de Cattle Decapitation (à l’origine un side project très basiquement grind de certains membres de The Locust mais aujourd’hui un groupe de death metal peu inspiré, si ce n’est par le végétarisme et alors qu’il n’y a plus aucun membres de The Locust dedans). 5/5/2000 se propose d’élaborer la bande son de la fin de notre monde, on entend plutôt de la musique d’accompagnement pour un film de vampires post romantiques pour teenagers gothiques et en plein désarroi. Agréable sans plus.



















Trinity est un peu plus ambitieux que Tümpisa. Ce CD limité à 500 exemplaires numérotés présente un titre d’Aidan Baker, un titre de Leah Buckareff et un titre de Nadja -d’où le TrinityDie Stadt, label allemand, nous a plutôt habitué à des publications tout aussi confidentielles et obscurantistes (Hafler Trio, Organum, Illusion Of Safety, Z’ev, Thomas Köner…) et à l’écoute ce trinity ne dépareille pas du reste du catalogue du label.
On commence avec Aidan Baker dont le Carrizozo fait un peu peur au départ : guitare acoustique au son désagréablement métallique en pleine phase d’accordage, confusion des sources sonores, absence de visibilité du paysage. Heureusement, Baker arrive en fin de parcours à donner plus de densité à l’ensemble mais on pourrait presque dire qu’il ne s’est pas trop foulé.
Socorro
est la partie composée par Leah Buckareff : ambiance plus (sour)noise, fausse rythmique, va et viens de sonorités abrasives, vrombissements de basse de plus en plus envahissants. Même si ce titre évolue d’une façon somme toute très classique l’élève a fait beaucoup mieux que son maître. Vive les femmes. La conclusion de Trinity est donc Jornada Del Muerto, un titre de 17 minutes signé Nadja et au sujet duquel on peut appliquer exactement les mêmes conclusions que celles déjà énoncées un peu plus haut à propos de Spahn. Sauf que Jornada Del Muerto est un titre ascendant, qui vous prend aux tripes et vous tord l’échine. A défaut de surprendre Nadja peut encore donner le frisson et c’est bien là le principal.