jeudi 26 juin 2008

Toute une vie bien ratée






















 


Ruined Lives. Le titre de ce disque est tout simplement épatant. Ça sent le nerd et la lose à plein nez, parfait pour l’auto apitoiement et les gueules de bois à répétition. Si tu as envie de pisser, vas-y c’est le moment, tu pourras toujours lire cette chronique plus tard (ou pas). Le titre donc. Et les illustrations de la pochette auxquelles je ne comprends rien, j’aurais préféré une photo aussi moche que celle du single sorti quelques semaines avant. Ah, et puis, en parlant de ce single, la bonne nouvelle c’est que les deux titres gravés dessus sont restés inédits. Transistor Transistor a eu le bon goût de ne pas les remettre sur l’album. Chouette.
C’était déjà perceptible sur Young Vampires of New Hampshire mais avec Ruined Lives c’est devenu une certitude : en confiant la production à Kurt Ballou le groupe est parti à la pèche au gros. Et est revenu avec un son de guitare bien plus épais qu’auparavant, une batterie plus massive, bref ce disque sent la boisson énergisante et la salle de musculation. On pouvait craindre un résultat aussi pitoyable que celui offert par Alex Newport produisant Numbers (sur l’album We’re Animals je crois, mais le talent de l’anglais n’avait pas suffi à améliorer un groupe dont de toutes façons on ne peut rien attendre) et oui, ça choque tout ce volume, ça taquine l’oreille, on reconnaît sans s’y retrouver complètement. Transistor Transistor lâche du leste sur son côté bordélique et inachevé, devient plus proprement agressif alors que le groupe se contentait auparavant de n’être qu’irritant et casse couilles. Comment troquer sa frénésie punk contre un t-shirt moulant. (tu n’es toujours pas allé pisser ?)
Et puis on s’y fait à ce son. Alors on s’intéresse à tout le reste c'est-à-dire au principal : les chansons. Transistor Transistor c’est quand même une bande de sacrés branleurs. Trois ans pour enregistrer un nouveau disque donc on pouvait s’attendre à du riche en fruit et du multivitaminé question composition. Que dalle. Il y a de sérieux trous d’air sur Ruined Lives, des passages sans aucun intérêt avec des riffs de débutants et même des titres largement en dessous des autres. Rien de bien grave certes mais du coup la production de l’ami Kurt prend un caractère maquillage et ravalement pour groupe déficient bien trop prononcé. Alors heureusement que Transistor Transistor ne s’éparpille pas trop en route, à peine le temps de s’emmerder un peu que débaroule une petite pépite noise punk qui donne envie de s’agiter. Ouf.
Il en va donc de se disque comme de l’humeur du matin. Pile ou face. Pile, il faut écouter autre chose. Face, ça fait bien plaisir quand même. Seule grosse ombre rédhibitoire au tableau : le piano. Si c’est encore une idée géniale de monsieur Ballou et bien je ne le félicite pas. Qu’il retourne dans sa jungle. Sur The Ghost Hand ça pourrait encore passer, bien que sur ce coup là on frise l’émo nevropathe, trois minutes de nombrilisme avant de pouvoir danser la valse sur Harvest. Mais sur le final de Teratogen c’est carrément Richard Clayderman qui a été invité dans le studio. Engine Down n’aurait pas fait plus minable que cette comptine naïve et racoleuse et comme en dehors de ça ce titre est déjà l’un des plus faibles de Ruined Lives, cela laisse un goût de soupe sans sel dans la bouche, dommage. Il faut alors tout son courage pour réécouter tout le disque depuis son début fracassant (Morning Sickness et surtout Price Of Gazoline), éventuellement en entier, avant de s’apercevoir qu’il y a de très bonnes choses dessus, bien que peut être pas à la hauteur c’est vrai de White Knives, face B du single déjà cité. (n’oublie pas de tirer la chasse)