mercredi 10 septembre 2008

Okay / Huggable Dust


Comment peut on en arriver à écouter Okay, le projet monoparental de Marty Anderson ? Par exemple comme cela : Sick Room records avait publié un double CD live réunissant Hella et Dilute, groupe pour ma part alors totalement inconnu. Deux albums publiés par le label 54 40' or Fight! plus tard et Dilute n’avait presque plus de secret à cacher. Marty Anderson était donc le guitariste/chanteur de ce groupe à la musique pour le moins étrange, presque quasiment instrumentale et aérienne mais traversée parfois par des interventions chantées d’une voix de canard gonflée à l’hélium, enfantine et décalée. Découvrir Okay a été aussi simple que cela. Mais c’est le genre de cheminement qui ne fonctionne pas à tous les coups -par exemple ce n’est pas parce que l’on a adoré Yaphet Kotto que l’on va apprécier Saviours (et inversement : on peut aimer ces derniers et détester les premiers)(ce n’est qu’un exemple)(bien sûr).
Une grave maladie d’Anderson a conduit à la dissolution de Dilute -non, je ne l’ai pas fait exprès- et à l’émergence du projet solo, ou presque, Okay. En 2006 le label RuminanCe a réédité Low Road, moitié d’un diptyque conceptuel (facile, l’autre moitié s’appelle… High Road) à l’origine publiée en 2005 sur Absolutely Kosher. Ce même label a publié au mois de mai 2008 Huggable Dust, le nouvel album de Marty Anderson.
Okay est donc un one man band, seul l’ancien batteur de Dilute Joe Pellicci (dorénavant dans 31knots) vient parfois épauler Marty Anderson. Inutile de dire que ce dernier ne tourne pas et donne des concerts de façon très sporadique, puisqu’il habite dans le garage de la maison de papa et maman où il s’est installé son home studio et son hôpital portatif. Et dans son home studio il n’y a pas que des guitares, loin de là.























Les dessins qui ornent le livret de Huggable Dust sont pour le moins étranges, du moins tout aussi étranges que ceux qui parait-il ornent les murs de la maison parentale de Marty Anderson. Et le pire est que ces dessins ne donnent même pas une petite idée de la pop faussement enjouée d’Okay. Mine de rien, ces dix-huit chansons regorgent d’arrangements assez soignés et méticuleux -mais quoi faire d’autre lorsque la maladie vous laisse trop de temps ? Comme sur Low Road/High Road ce sont les synthétiseurs qui se taillent la part du lion, des synthés en forme de section de cuivres par exemple ou tout simplement égrenant des mélodies à la beauté simple et irrésistible. Il y a quelque chose de définitivement et de profondément touchant dans cette musique : vraiment rien d’inquiétant ici malgré une tristesse évidente car tout est balayé par une sorte de refus contradictoire, les textes sont systématiquement contrebalancés par la recherche harmonique et il n’y a aucune auto destruction au bout du chemin -on n’est pas chez Daniel Johnson dont Okay offre une version acidulée et synthétique mais positive de la noirceur suicidaire.
Reste aussi que la voix de Marty Anderson est des plus étranges, gageons que bientôt il pourra imiter Marianne Faithfull sans les mains et sans aucun problème, il a depuis longtemps dépassé le stade de Marc Bolan imitant Donald Duck. Cette voix est pour beaucoup dans l’aspect fantomatique de la musique d’Okay -et il en était de même pour Dilute, à écouter les quelques passages chantés de l’album live évoqué plus haut et enregistré au Bottom Of The Hill de San Francisco- une voix réunissant à elle seule toute la contradiction du disque, contradiction mise en valeur par de nombreux(ses) invité(e)s au chant. Poignant et insolite.