mardi 28 octobre 2008

Alva Noto / Unitxt





















Carsten Nicolai, alias Alva Noto a sûrement décidé de passer à la vitesse supérieure, puisqu’il a déjà publié un nouveau disque, Unitxt, à peine trois mois après l’album (réussi) d’Aleph-1 et alors qu’une année seulement c’est écoulée depuis Xerrox Vol 1. Unitxt a été enregistré entre 2006 et 2007, soit une éternité numérique, et renoue radicalement avec l’aspect rythmique de la musique d’Alva Noto après l’ambiant policé des deux précédents disques. Il n’est bien sûr toujours pas question ici de bpm qui culbute ni de sonorités qui croustillent (on n’est pas dans une vulgaire boite de nuit ni dans une bête rave mais bien chez les intellos du bip), le décorum est toujours aussi spartiate et peu chaleureux, le propos toujours aussi obscur. Mais ça fonctionne. Très bien même. Les dix premiers titres s’écoutent d’une traite, longue pièce évolutive, mécanique de précision, installant un groove cybernétique qui culmine sur les plages 6 et surtout 7 avant de trouver un essor définitif sur la plage numéro 10 -histoire de me faire mentir : à ce moment précis du disque, celui-ci devient presque dansable, incroyable d’hypnotisme, pas très loin des travaux plus prosaïques et terre à terre (pour ne pas dire dancefloor) des meilleurs représentants de la techno minimal. L’ambiance générale se dégage alors d’un certain esprit de conceptualisation et opère un virage à 180° vers des préoccupations plus basiquement corporelles.
Petite nouveauté, le poète sonore Anne-James Chaton -celui là même qui était venu bavarder sur le double album Turn de The Ex en 2004- vient poser ses mots et cela colle parfaitement. Sur µ_07 on a droit à des chiffres tirés de relevés bancaires ou je ne sais quoi, sur µ_08-1 cela ressemble plus à des formules mathématiques, cela m’a fait penser à Spéculation, un titre d’un vieux groupe français d’indus planant qui s’appelait (s’appelle toujours ?) Désaccord Majeur. La première partie d’Unitxt gagne rapidement ses galons electro, démontre un regain de vitalité et donne envie d’écouter la suite.
La suite, malheureusement, n’est pas à la hauteur. Il y a d’abord le onzième titre qui n’en est pas un puisqu’il s’agit d’un blanc de deux minutes, histoire sûrement de bien faire remarquer que l’on va pouvoir passer à autre chose. D’accord. Autre chose c’est quinze titres très courts (entre quatre secondes et une minute) qui ne sont que des conversions de fichiers informatiques en sources sonores. Donc, si tu veux savoir à quoi ressemble un fichier word, excell ou powerpoint une fois retranscrit, tu peux découvrir le résultat sur les plages 20, 18 et 19. Rien que ça. Aucun intérêt, même pas celui d’être drôle ni celui d’être original puisque déjà fait au moins une paire de fois dans la passé. Un petit bémol de fin de parcours pour un bon disque, dommage.