vendredi 17 octobre 2008

Doppler / Songs To Defy






















Songs To Defy. Cela va vraiment être difficile de chroniquer ce nouvel album de Doppler. Je l’écoute tous les matins en partant travailler, à fond dans les oreilles, cela me permet de ne pas entendre tous ces automobilistes qui me klaxonnent parce qu’avec mon vélo je ne roule pas assez à droite à leur goût. Curieusement, malgré l’univers très sombre et torturé du groupe, ce disque me donne de l’élan, de l’entrain, non je n’ai pas dit de la joie de vivre. Voilà un disque qui emporte tout sur son passage, dont la violence n’est jamais gratuite, sorte de tremplin émotionnel qui fait du bien.
Cela va donc être difficile de chroniquer ce disque. Parce que plus je l’écoute et plus je le trouve parfait. Parfait, ce très vilain mot qui ne devrait pas exister dès que l’on parle de musique, une idée qui n’existe pas. Alors je ne sais pas par où commencer. Bien sûr pour trouver une porte d’entrée j’ai d’abord réécouté les enregistrements précédents de Doppler, Star Sexual Fantasy, Si Nihil Aliud et même le 10’ split avec Marvin dans la collection des 12 Salopards chez S.K. records mais cela n’a servi à rien. Songs To Defy. Pour en parler j’ai décidé de commencer par la fin. C'est-à-dire par les dix minutes et quelques de The Coming Out. Son intro aérienne, sa carcasse bien charpentée, sa progression inexorable et ce long final tel une flamme de bougie qui vacille (je suis également poète lorsque j’ai du temps à perdre). Ce titre là je pourrais l’écouter pendant de longues heures d’affilée sauf qu’il ne me faut pas des heures pour arriver au boulot alors j’y repense, souvent, jusqu’à ce que je puisse l’écouter à nouveau.
Et le reste du disque ? Les six autres titres ? Que du bonheur. Et du gros. S’il y a un disque à retenir dans la catégorie noise rock pour l’année 2008 ce sera bien Songs To Defy (deuxième : Old Wounds de Young Widows, troisième : ?). On peut parler de cette rythmique basse/batterie qui tire le meilleur de plans mathématiques pour les rendre explosifs et entraînants, on peut décrire les montées à la guitare et les déflagrations qui s’en suivent, on peut évoquer le chant (assez rare toutefois) dans un registre mi déclamatif/mi hurlé à la Condense/Deity Guns, on peut rigoler sur les samples (celui de l’intro : il faut que ça gueule) ou sur les passages calypso-brésiliens à se pisser dessus mais qui aèrent le propos et relancent la machine avec une efficacité imparable, on peut s’estourbir des tourbillons soniques engendrés par la furie de ces trois garçons, on peut admirer qu’ils arrivent si bien à concilier un certain niveau d’exigence technique avec cette formidable envie vital et primitive (et oui, on parle de rock, là…) -Doppler parle le langage des vivants, défi réussi les gars.

[Doppler a également et surtout une excellente réputation de groupe de scène. Ce soir c’est justement la release party de Songs To Defy, cela se passe au Clacson à Oullins avec les trop rares Ned et les excellents 37500 Yens, responsables de l’un de mes disques favoris de l’année 2007. Vous faites quoi ce soir ?]