lundi 6 octobre 2008

The Pop Group
























J’ai toujours eu un mal fou avec The Pop Group, ce n’est pas la réédition CD effectuée en 2007 par les archivistes de chez Rhino qui me fera changer d’avis. C’est dit. Et pourquoi une telle incompréhension et un tel rejet ? Le premier single du groupe, She Is Beyond Good And Evil, qui est aussi le titre d’ouverture de Y, premier album de The Pop Group et souvent considéré comme leur chef d’oeuvre, est une pure horreur. Je crois toujours y entendre les Clash, les Clash dans tout ce qu’ils avaient de plus mauvais et de plus caricatural c'est-à-dire ce côté funk, chaloupé ou même reggae qui me fait toujours fuir dans la direction opposé -très bizarrement le seul titre des Clash qui trouve grâce à mes oreilles est Guns Of Brixton, composé par un bassiste singulièrement en manque et donc l’un des titres les plus jamaïcains du groupe. C’est grave docteur ? Et je ne vous raconte même pas ce que je pense des saloperies comme les Slits.
Ce titre, She Is Beyond Good And Evil, a longtemps été le rempart imprenable pour accéder au bonheur d’écouter un groupe qui aurait marqué plus d’un esprit. Pas le mien, j’étais trop jeune. Maintenant que je ne le suis plus depuis longtemps, se taper à nouveau cette guitare au son détestable (et que l’on ne me dise pas que ce son là est le son du post punk) reste tout bonnement impossible. Ne parlons même pas de la ligne de chant. Le deuxième titre du disque, Thief Of Fire, a à peu près le même effet sur mon métabolisme, quoique la guitare y est nettement plus en retrait et que c’est la basse qui y même la danse. Ce titre sent le bordel, il est la porte grande ouverte qui m’a permis de réécouter l’intégralité de ce disque puis de l’apprécier.
Quand des jeunes garçons de Bristol fanatiques de reggae, admirateurs de free jazz, chargés d’esprit libertaire et se prenant le punk en pleine gueule se mettent à faire de la musique cela donne quoi ? Cela peut donner The Pop Group. Et cet album, Y, qui ne commence réellement qu’à partir de son troisième titre. On y entend des musiciens illuminés et pleins d’idées ne sachant absolument pas jouer, concassant tout ce qui peut de près ou de loin ressembler à un rythme, une mélodie, une ligne de chant, un arrangement. Au milieu de cette rébellion en temps réel on découvre le magnifique We Are Time, le seul titre de Y pouvant prétendre à un semblant de structures et de tenue. Tout le reste n’est que désordre à base de sax désaxé, de piano désaccordé, de guitare à côté de la plaque et de chant hurlé sur fond de rythmique basse/batterie désarticulée. On est bien loin de la rigueur spartiate et millimétrée de Gang Of Four ou du groove à répétition des Contortions. Sûrement que le résultat n’était du qu’à une incapacité chronique de musiciens allumés et hébétés mais il est bel et bien tangible : Y est un disque conflictuel et en bouillonnement perpétuel. Ceci dit, il y a encore des jours où je le trouve parfaitement inécoutable. Ceci dit -encore et une dernière fois- ces jours là il me parait toujours meilleur que les deux autres albums de The Pop Group qui ont suivis, We Are Time (une compilation en fait) et For How Much Longer Do We Tolerate Mass Murder ? Va comprendre.
[A noter que sur la version CD publiée en 2007 par Rhino a été rajouté 3:38. Ce titre est la face B de She Is Beyond Good And Evil et n’est jamais que la bande de ce dernier passée à l’envers et overdubée de plein de percussions additionnelles. C’est bien meilleur que la version initiale, à tel point que l’on est en droit de se demander pourquoi The Pop Group n’avait pas commencé par là.]