vendredi 10 juillet 2009

Biosphere / Wireless





















Je n’ai pas encore trouvé le musicien électronique qui me fera lever mon gros cul pour que j’aille l’applaudir dans une salle de concert. Vas-y mon gars, pousse les potards de ta mixette et bidouille ton laptop pendant que je danse comme un forcené ou que je plane comme une limace violette. Et ce n’est pas ce nouveau (et vraiment bon) disque de Biosphere qui va me faire changer d’avis. Notre homme, Geir Jenssen, a commencé sa carrière du côté de la pop ethnique et ridicule à fortes consonances Cocteau Twins -il joue sur les deux premiers albums de Bel Canto- avant de se découvrir une passion pour l’électro et de monter son projet solo Biosphere dont il affinera peu à peu l’approche musicale sous l’influence grandissante de son autre passion, le field recording allié à la musique ambient (son disque Substrata paru en 1997 est l’un des plus beaux du genre et est parfois considéré comme le meilleur disque de Biosphere tout court).
Wireless est un album enregistré en concert (sous-titre : Live At The Arnolfini, Bristol, 10/27/2007). Un concert sans applaudissement ou plus exactement ceux-ci ont fort judicieusement été coupés au montage/mixage. Car Wireless se présente comme un long catalogue itinérant de la musique de Biosphère, chaque plage changeant de couleur, de forme, d’univers et donc de caractère. Il est assez troublant d’avoir ainsi l’impression de se faire balader à travers un savoir-faire indéniable sans avoir en même temps le sentiment d’être pris pour un cobaye à sensations. Car ici tout se tient, tout est lié, pensé… et logiquement rien n’est laissé au hasard, rien n’est perdu ou gaspillé, l’économie et la douceur des moyens employés contrastant avec la force de persuasion d’une musique envoûtante bien que désormais maintes fois entendue et rabâchée. Et il y en a donc pour tous les (bons) goûts. De la techno minimale et vaporeuse sous l’influence directe de Wolfgang Voigt/Gas, du dub aquatique et lysergique, des voix enregistrées renvoyant directement aux anciens travaux de Scanner, de l’ambient transcendantale, quelques incursions dans la musique concrète… Wireless est totalement débarrassé des tics chargés de joliesse et de bonne éducation qui était la tare principale du précédent album de Biosphere (Dropsonde, en 2006) beaucoup trop marqué par un esprit végétal bon teint et élégant/réunissons nous dans notre salon Ikea pour sauver le monde et la planète.
La musique de Biosphere est certes toujours aussi simple d’accès et lisse -trop propre disent ses détracteurs zélés- mais elle possède le charme irremplaçable du galet de rivière que l’on a ramassé enfant dans le creux d’une rivière et que l’on a toujours conservé depuis en guise de porte-bonheur : un galet rond et dur qui tient si parfaitement dans la main qu’il semble lui-même pouvoir contenir tout ce que l’on souhaite de beau et fort.