samedi 11 juillet 2009

New Brutalism / Actual Record























Ce disque est une grosse blague… Ce groupe est une grosse blague… Vraiment ?... Non, pas tant que ça ! New Brutalism c’est trois types qui poussent le vice jusqu’à jouer un noise rock dans le plus pur style de Shellac (période des premiers singles du gang de Steve Albini et du premier LP At Action Park) avec un sens de l’imitation et du mimétisme qui élimine d’emblée toute envie de critique et d’analyse. Un tel culot laisse pantois. Une imitation plus vraie que nature. Jusqu’à l’absurde. Mais cette absurdité là on y croit très fort parce qu’Actual Record est un très bon disque. Bien au delà de l’hommage, de la célébration ou d’une simple photocopie.
New Brutalism est la réplique officielle et définitive d’un groupe jugé important par toute une flopée d’admirateurs du chicago sound et qui le surclasse les doigts dans le nez. C’est (très) difficile à admettre. Mais on l’admet, sans honte aucune. La même absence de honte qui pousse les trois New Brutalism à envoyer des titres tels que 066 ou 059 -parce qu’en plus le groupe pousse le syndrome de non personnalité jusqu’à ne pas donner de titre à ses chansons. Quel est donc l’intérêt d’une telle démarche me direz vous ? Et bien c’est difficile à expliquer.
Ce ne sont pas les pâles copies de Shellac qui ont manqué jusqu’à présent. Les New Brutalism se démarquent simplement des autres en utilisant deux ingrédients essentiels : l’énergie spontanée et la crédibilité de l’ouvrage bien fait. En un mot l’authenticité rock’n’roll primale que le trio est allé déterrer en rongeant le style Shellac jusqu’à l’os pour en sniffer la substantifique moelle. Un peu comme si AC/DC se refaisait adouber par Chuck Berry et consorts en dynamitant au centuple son boogie-woogie façon Let There Be Rock. Contre toute attente, on tient paradoxalement là l’un des disques les plus honnêtes qui ait été publié cette année. Honnête parce que motivé par une démarche insoupçonnable. L’imitation comme vérité et transcendée en tant que telle. Et à ce propos : qu’en pense donc la bande à Steve Albini ? En guise de réponse on peut préciser que c’est le gros Bob Weston lui-même qui a procédé à cet enregistrement. Et il savait assurément ce qu’il faisait en agissant de la sorte.

[ce disque est publié en CD par le label parisien Rejuvenation, la version LP ne devrait elle pas trop tarder à arriver…]