lundi 31 août 2009

Siouxsie & The Banshees At The BBC























Siouxsie And The Banshees At The BBC. Ce magnifique et imparable coffret comprenant trois CDs et un DVD entérine définitivement la théorie fumeuse qui énonce que Susan Janet Ballion et ses boys auraient dû arrêter de faire de la musique après 1982 et après avoir viré John McGeoch du poste de guitariste -grossière et impardonnable erreur il est vrai, même si les problèmes éthyliques du dit guitariste semblaient devenir insolubles, on ne croise pas deux fois dans sa vie un musicien de la trempe et aussi génial que McGeoch. Cette théorie, à laquelle je souscris volontiers bien que j’écoute de temps à autres les albums post 1982 tels Hyaena (1984) et -la honte- Tinderbox (1986), a été ardemment défendu au printemps dernier par un conglomérat de hipsters prétentieux à l’occasion de ce que ces exégètes implacables et sans pitié appellent un get up and turn the vinyl, c'est-à-dire le passage en revue de toute la discographie connue, officielle ou nom, singles compris, d’un groupe jugé important.
Plus que le résumé d’une carrière en forme de cloche (je ne parle pas de Suzie mais de sa chute vertigineuse après une ascension irrésistible) Siouxsie And The Banshees At The BBC remet quelques pendules pseudo gothiques à l’heure d’été, dévoile un catalogue impressionnant d’archives pour certaines tout simplement essentielles et est la preuve que le mot le plus important dans l’expression music business n’est pas musique : les artistes meurent, les groupes splittent mais les producteurs veillent au grain.
Le premier disque rend obsolète Voices On The Air, CD paru en 2006 seulement et compilant déjà toutes les Peel Sessions enregistrées par les Banshees entre 1977 et 1981 (la dernière session, celle de 1986 et correspondant à l’album Tinderbox, figure sur le deuxième disque du coffret). Y sont rajoutés des enregistrements pour Richard Skinner et le tout couvre donc la période d’éclosion et de maturation d’un groupe post punk en hydre goth -goth dans le bon sens du terme, pas celui incompréhensible et d’ailleurs rejeté par Siouxsie et qui aujourd’hui rassemble nombre de groupes pseudo mythiques et poseurs (Sisters Of Mercy) et attractions de variétés (Indochine ou Maryline Manson). Le deuxième disque de At The BBC documente le début de la fin, le départ déjà évoqué de McGeoch, et la mise en œuvre de compositions dans un premier temps caricaturales du propre style inventé par Siouxsie & The Banshees puis se tournant de plus en plus vers la facilité chic et choc -l’horreur des années 80 quoi. Ce deuxième CD s’achève par la première partie d’un live mollasson enregistré en mars 1986 auquel on préfèrera la seconde partie gravée pour raisons de place en début du troisième CD : cette dernière comprend plus de vieux titres composés à l’époque de McGeoch et ce n’est pas la version trop ralentie de Night Shift ou l’insupportable gimmick sautillard de Cities In Dust (single du moment des Banshees) qui viendront gâcher notre plaisir. Mais tant qu’à faire, pour entendre du live de Siouxsie, autant se jeter sur Nocturne, superbe double LP en forme de best of enregistré en concert en 1983 avec Robert Smith comme guitariste intérimaire et qui enterre radicalement ce Live At The Appollo Theatre.
Autre concert placé sur le troisième disque, un Live At The Royal Albert Hall datant de 1988 prouvant que Siouxsie n’avait pas attendu les années 90 et Kiss Them For Me pour s’adonner à la variété à la fois grandiloquente et pleurnicharde. Cela me fait d’autant plus mal au cœur que la seule et unique fois que j’ai vu Siouxsie & The Banshees en concert c’était précisément à cette époque là et que le souvenir de jeune homme éjaculateur précoce que j’en garde (la diva était nue sous un chemisier transparent noir) en prend forcément un sacré coup. Spellbond, chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvres du groupe, est au passage atrocement mutilé par une interprétation sans vie et l’apport de synthétiseurs sirupeux tandis que Christine fait les frais des cours de chants onéreux payés à Siouxsie par sa maison de disques dans l’espoir qu’elle perce enfin le marché américain (ce qui ne l’empêchait pas de chanter encore faux ici ou là). Et je vous passe les bouses telles que The Killing Jar, This Wheel’s On Fire (façon Blondie disco) ou l’intenable Rhapsody, gorgé de théâtralité et d’artifices larmoyants.
Le DVD résume en images le même parcours vers la putasserie avec heureusement une grosse majorité de documents datant des débuts des Banshees. A l’heure des sites de partage de vidéos il n’y a rien d’exceptionnellement rare ni d’inédit ici, juste le plaisir de revoir ces images dans de bonnes conditions. A noter une excellente version de Love In A Void capté en 1979 pour l’émission Something Else et avec Robert Smith à la guitare. A noter aussi les huit titres enregistrés en 1981 pour Rock Goes To College mais encore une fois rien qui ne surpasse les images de Nocturne (également réédité en DVD il y a deux ans). Le plus drôle dans ces images d’archives ce sont les séquences de Top Of The Pops : comme tous leurs confrères, Siouxsie & The Banshees y faisaient des apparitions en play-back et de Playground Twist (1979) à Kiss Them For Me (1991) on y voit un groupe faisant de moins en moins semblant d’être crédible, parfois complètement défoncé -amusez vous à comparer les deux versions de Dear Prudence, celle de septembre et celle de décembre 1983- et lassé de tout ce cirque. Une triste fin.