vendredi 18 septembre 2009

Le Parti / Excitement As Such























Nous sommes en 1979 et l’Angleterre domine le monde. Wire publie 154, PiL envoie Metal Box, Magazine intrigue avec Secondhand Daylight et évidemment Joy Division sort son premier (et unique) chef d’œuvre, Unknown Pleasures. The Cure n’en est qu’à Three Imaginary Boys et il ne faut pas oublier Y du Pop Group et bien sûr Siouxsie & The Banshees (Join Hands est loin d’être leur meilleur album mais c’est celui du schisme qui permettra l’arrivée de John McGeoch et de Budgie donc la naissance d’un vrai grand groupe). Nous sommes en 2009 et le deuxième album du Parti s’inscrit parfaitement dans cette mouvance : guitare dans les aigres, basse ronde et sourde, rythmique nerveuse et sèche et voix juvéniles et blanches (l’une plutôt nasale et grave faisant plus penser à Ian Curtis qu’à Douglas Pierce et l’autre, presque transparente avec ce genre de conviction distanciée que l’on connaît bien, on peut penser à Colin Newman). Ces deux voix sont l’une des principales qualités d’Excitement As Such, voix complémentaires on l’aura compris, surtout harmonisant avec justesse et à propos, duo d’éphèbes en appui l’un de l’autre au moment du refrain comme sur le très entraînant Undercover.
Le problème, si problème il y a, c’est que bien évidemment publier un tel album aujourd’hui est à la limite de l’incongruité. On le sait bien, l’histoire de la musique actuelle est faite de pompages et de repompages, d’allers et retours entre passé nostalgique et futur déjà démodé que ça en est souvent fatigant, un phénomène qui désormais frise l’absurde tant il s’est accéléré (et dont l’une des conséquences directes est la profusion de reformations des vieilles gloires musicales du passé). L’actualité éphémère du présent est dictatoriale, prétextant de l’instantané pour imposer sa nouveauté (?) comme marque de fabrique et/ou s’appuyant sur une exégèse parcellaire - merci You Tube et My Space - pour établir sa légitimité. Dès lors que l’on se pose la question de sa propre légitimité c’est qu’on a une bien trop grande opinion de soi pour être honnête.
C’est précisément le piège dans lequel ne tombe pas Le Parti. Ces trois petits gars de St Etienne ne se posent aucune question. Ils aiment et ils font. Ainsi Excitement As Such déborde d’une fraîcheur revigorante et communicative. Alors oui, on est bien en 2009 et ce disque sans prétention qui se fait l’écho de musiques du passé sonne parfaitement. Et il ne faudrait pas croire non plus que Le Parti s’enferme dans la catéchèse esthétique et le discours unique de la Révolution Culturelle : quelques incongruités bien placées démontrent que le groupe n’est pas uniquement bloqué sur la période 1977 - 1982, le solo (hum) de guitare sur Numbers en étant la parfaite illustration. D’un autre côté on sent bien que Le Parti s’est amusé à placer moult clins d’œil. L’intro de ce même Numbers fait immédiatement penser à un vieux Warsaw/Joy Division ? C’est fait exprès mais ça ne dure pas trop longtemps. I Don’t Know aurait pu figurer sur l’album Chair Missings de Wire? C’est parfaitement assumé.
En définitive le groupe de Colin Newman est la référence la plus flagrante des stéphanois qui s’épanouissent pleinement dans le format court (rarement plus de deux minutes et demi par chanson) et la mélodie aride mais bien troussée. Placé sous l’étendard du drapeau rose, Excitement As Such peut être également qualifié d’album pop - l’Angleterre, toujours -, moins abrupt et nerveux que son prédécesseur, plus axé sur des mélodies que l’on trouve rapidement addictives et indémodables. Normal, elles datent déjà d’il y a trente ans.