mardi 19 janvier 2010

Aidan Baker / Blue Figures


















Avec ce Blue Figures Basses Frequences en est déjà à sa quatrième référence consacrée à Aidan Baker ou à Nadja. Après les excellents I Fall Into You, Letters et Corrasion on fonce logiquement tête baissée sur ce tout nouveau CD. A la grande différence des trois premières qui n’étaient que des rééditions, cette nouvelle parution propose elle du matériel neuf et inédit enregistré en concert – deux titres en avril 2009 à Berlin et deux titres en juin de la même année à Prague. Plus d’une heure partagée en quatre plages. On se frotte les mains, on salive des babines et on écarte les oreilles.
Le premier concert (Berlin, donc) est de loin le meilleur. Tant mieux parce qu’il prend les deux tiers du disque, lequel aurait bien pu s’arrêter après Figures Part 2 que je n’aurais strictement rien trouvé à y redire. Sur la première partie, Aidan Baker chante de sa voix douce et triste, avec une certaine profondeur et gravité, réunissant en un tour de main le Leonard Cohen de Songs Of Love And Hate et la pop dreamy/shoegaze de Cocteau Twins. On est touché par tant de délicatesse et d’affleurements, c’est idéal pour regarder par la fenêtre une mâtinée d’hiver, même et surtout s’il ne se passe rien dehors. La deuxième partie poursuit avec le même sentiment aquatique/cotonneux d’enfouissement sans tomber dans les travers d’une musique trop introspective et régressive ou les errements d’un étalage planant et hippisant, soigneusement évités malgré quelques sonorités synthétiques qui hélas n’ont rien à voir avec celles d’un EML. Le chant revient faire un petit tour à la fin et on est heureux.
En général et quoiqu’il arrive, le canadien est incapable de réellement se cantonner au format chanson – exception notoire : l’album When I See The Sun Always Shines On TV de Nadja mais c’est un album de reprises – et, la longueur de l’album aidant, l’impression de remplissage peut pointer le bout de son nez tout simplement parce que Baker en solo reste nettement moins hypnotique que Nadja, bien moins massif et moins spectaculaire. Figures Part 1 et Figures Part 2 évitent ce problème tout comme les deux dernières plages enregistrées pendant le concert Pragois et qui terminent Blue Figures. La première, sans titre, est un drone cristallin du meilleur effet. La seconde, Gathering Blue, est à l’origine extraite du double LP du même nom sorti en 2009 par Equation records. On y retrouve ces chuchotements de guitares et ces sifflements/courants d’air aux terminaisons lumineuses devançant une partie chantée à nouveau délicate et en dedans, confirmant que Blue Figures est définitivement un beau disque apaisant. Encore une bonne sortie de la part de Basses Fréquences.