jeudi 29 avril 2010

Rotten Sound / Napalm





















On en parlait l’autre jour à propos de l’excellente compilation The Great Northern Revisited de Sayyadina, Relapse records est parti à la chasse des meilleurs groupes scandinaves et le label américain peut désormais s’enorgueillir d’avoir épinglé le meilleur des meilleurs à son tableau : les finlandais de Rotten Sound. On peut reprocher à ces quatre psychopathes sanguinaires une approche très technique, froide et clinique du grind (ambiance de laboratoire garantie, les murs de carrelage blanc sont juste recouverts de sang frais et de bouts d’organes explosés) mais il faut bien avouer aussi qu’entre Murderworks (2002) et Exit (2005) on hésite un peu pour déterminer lequel mérite plus que l’autre la palme du disque de grind le plus terrifiant jamais enregistré.
Pour inaugurer sa signature chez Relapse, Rotten Sound sort ce EP intitulé Napalm et tant au niveau du titre et que l’illustration – qui est un ripp off de celle de Scum, le premier album de Napalm Death – les intentions de Rotten Sound sont on ne peut plus claires : il s’agit de rendre hommage aux pères du grind core. A l’intérieur nos quatre garçons se sont donc fendus de trois inédits ainsi que de trois reprises de Napalm Death : The Kill (de l’album Scum déjà mentionné), Missing Link (extrait du EP Mentally Murdered, 1989) et Suffer The Children (sur l’album Harmony Corruption en 1990 mais également sorti en maxi). Que du lourd, donc, du très lourd même, à tel point qu’oser reprendre de tels standards de Napalm Death – que les britanniques jouent encore en concert aujourd’hui – ressemble à un casse-gueule intégral.
Première constatation : sur Napalm, le son de Rotten Sound est toujours aussi clinique et précis, énorme et massif. Les trois originaux du groupe sont tout simplement excellents, Rotten Sound s’embarrassant guère de détails mais incluant toujours un ou deux passages lents et lourds comme il aime tant le faire (Dead Remains), passages ne durant parfois que quelques secondes mais insufflant un caractère vraiment vicieux et malsain à la musique du groupe. Les trois reprises de Napalm Death sont tout aussi excellentes et, sans aucune surprise, elles ne sonnent pas exactement comme du Rotten Sound bien que le groupe leur aient appliqué son traitement chirurgical habituel : on admet que les riffs ont un caractère indéniablement old school (The Kill et Missing Link), même l’accordage semble différent, et le chant est un tantinet plus dans les graves, avec des growls plus appuyés. La meilleure des trois reprises est sans aucun doute celle de Suffer The Children avec sa structure à étages et son passage lent final dont Rotten Sound a bien évidemment su brillamment tirer le meilleur parti.
Napalm ne s’arrête pas là puisque cet EP comprend également un DVD bonus avec dix neuf titres – une grosse demi-heure – enregistré pendant l’édition 2007 du Obscene Extreme Festival (où a également été enregistré une partie du récent For The Ugly And The Unwanted This Is Grind Core de Brutal Truth). Un concert pendant lequel il ne se passe pas grand-chose, le groupe reste statique et concentré, alors on a tout le temps de regarder le jeu des mastards du service de sécurité postés sur les côtés de la scène et qui en éjectent tous les postulants au slam dès qu’ils s’attardent un peu trop avant de sauter dans le public : la violence c’est bien quand c’est propre ? Maintenant que l’on est rassuré sur la bonne santé de Rotten Sound (cf les trois inédits), on espère que Relapse aura aussi la bonne idée de rééditer correctement les albums du groupe antérieurs à Murderworks – soit Under Pressure et Drain – voire même qu’il compilera la grosse poignée de EPs et de splits que Rotten Sound a enregistrés entre 1994 et 2000. Une telle compilation c’est vrai existe déjà, elle s’appelle From Crust ´Til Grind mais est elle aussi épuisée depuis longtemps.