lundi 7 juin 2010

AFCGT / self titled























Encore une histoire d’amour qui risque de mal se terminer. Auteur de trois excellents albums, A-Frames a un beau jour décidé de changer son nom en AFCGT : AF comme A-Frames et CGT comme Climax Golden Twins (et non pas comme mort au patronat et mort au capitalisme sauvage bien que cela tombe sous le sens). Cette fusion/association entre les deux groupes devait bien finir par arriver, et pas seulement parce qu’ils sont tous les deux originaires de Seattle, puisque le guitariste de A-Frames, Erin Sullivan, en bon voisin de pallier, a de temps à autres joué avec les Climax Golden Twins. Elle est surtout consécutive cette fusion au départ de Lars Finberg – batteur originel de A-Frames – parti du groupe aux alentours de 2006 pour se consacrer définitivement et à temps plein à The Intelligence, son propre combo neo garage dont le Icky Baby, un album paru en 2005 chez In The Red, sonne toujours aussi bien à mes oreilles encombrées. Jusque là, il n’y a rien que de très classique dans ces banales mais amicales histoires de groupes/side projects, Erin Sullivan ayant même parfois tenu le poste de bassiste au sein de The Intelligence.
A nouveau groupe, nouvelle musique. Cela dénoterait d’un désir de ne pas continuer dans toujours la même direction, de s’ouvrir à de nouveaux horizons, de se renouveler – grandir c’est bien, murir c’est mieux et blah blah blah… sauf qu’à trop murir on finit forcément par pourrir et c’est précisément le problème ici. Encore des mecs qui ont oublié que le rock’n’roll est une musique régressive et infantile. Rejouez moi éternellement ces mêmes trois accords et que l’on n’en parle plus.
Les fanatiques d’A-Frames sont donc frustrés. La nouvelle entité – AFCGT pour ceux qui ne suivent pas – n’a jusque ici publié que de (très) mauvais disques, bien éloignés du post punk incendiaire des débuts : un 10 pouces insipide, des enregistrements live inécoutables, des démos juste bonnes à être jetées à la poubelle mais ayant quand même bénéficié d’une publication en LP… La mutation est guère concluante, les résultats sont sans queue ni tête. Fallait rester dans le basique et l’éjaculatoire les gars, même si avec A-Frames vous aimiez congeler votre sperme en paillettes, parce qu’avec AFCGT vous ne bandez même pas ou si peu. Fallait pas changer de drogue non plus.
Premier enregistrement publié sur un label ayant une bonne visibilité – en l’occurrence Sub Pop – ce douze pouces sans titre est superbement emballé, c’est même le grand luxe avec une pochette cache-misère qui se déplie complètement pour donner un poster (un peu à la façon des disques de Crass) et ornée d’illustrations à mi chemin entre le virus congelé (encore) et le mandala gothico psychédélique. Un single bonus vient compléter le tableau et sa présentation est exactement la même que celle de son grand frère. Au total ça nous fait neuf titres et quasiment cinquante minutes de (non) musique. En respectant une certaine logique de charcutier et en arguant qu’un disque ça s’estime au poids et à la quantité, on peut en conclure que les membres d’AFCGT sont du genre à penser qu’un maxi avec trois ou quatre titres n’aurait pas suffi à faire passer leur groupe pour une formation honorable. Mais non, on remplit, on comble, on délaie et ici tout est logiquement très moyen. Au dessus du panier, Black Mark et Korin peinent malgré tout à convaincre, Two Legged Dogs se retrouve écrasé sous l’égide d’un Butthole Surfers fatigué mais on aurait pu s’en contenter contre mauvaise fortune bon cœur s’il n’y avait également nombre de plages de bidouille sans grand intérêt (ça c’est l’option Climax Golden Twins) telles que Slide 9, Niche, Nacht ou Reasonably Pratical. New Punk 27 donne de faux espoirs avec sa courte intro post punk et est presque le manifeste de ce qu’est AFCGT aujourd’hui : on casse tout ce que l’on a fait auparavant, et surtout on vous casse les oreilles. On passe rapidement sur New Punk, le titre le plus court du disque et une blague qui ne fait même pas rire. Pour celles et ceux qui avaient réussi à s’intéresser aux disques précédents de AFCGT et bien sachez que celui-ci est malgré tout un peu meilleur. Mais à peine… R.I.P.