jeudi 24 juin 2010

Le concert metal de l'année























Du gros metal qui tâche à Grrrnd Zero, pour rien au monde je n’aurais raté ça, surtout avec une affiche de choix regroupant Black Cobra, Saviours et… Weedeater. Weedeater ? Honte à moi, je préfère l’avouer tout de suite, car je n’avais jamais suivi de près ce groupe, je méprise au plus haut point les drogués et les alcooliques, donc je n’avais jamais écouté plus que ça la musique de ce trio originaire de la Caroline du Nord – redneck inside – et c’est une bien regrettable erreur. D’autant plus regrettable et surtout impardonnable que dans Weedeater il y a des anciens membres de Buzzov-en et de Sourvein, deux excellents groupes dont on a déjà parlé de temps à autres (et en bien) par ici. Conclusion : ne jamais hésiter à sortir de chez soi.
















Mais avant ce plateau de choix, il y a le groupe local de service : Hangoverdosis. Groupe de service, je concède que ce n’est pas une façon très sympathique de s’exprimer, surtout que Hangoverdosis est un plutôt bon groupe. Je vous la fait rapide : nous sommes en présence d’un trio purement instrumental composé d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur et qui pratique un doom ultra lourd et répétitif. Le groupe ne jouera qu’un seul et même long titre au risque de devenir un peu lassant – quoi ? ils ont joué plusieurs titres enchaînés ? OK.
Malheureusement le concert démarre très mal pour Hangoverdosis puisque au bout d’une minute le guitariste casse une corde. Ce sont des choses qui arrivent. Changement de guitare mais visiblement l’instrument de remplacement ne convient pas non plus (ça, je n’ai pas compris pourquoi : j’imagine juste qu’il s’agissait d’une vieille guitare et ce n’est jamais agréable de reprendre un ancien instrument que l’on avait abandonné, on a l’impression de régresser). Changement de corde, donc. Pendant ce temps là le bassiste et le batteur assurent un bon duo façon les chevaliers de l’Apocalypse puis le groupe reprend enfin à trois la séance de carnage. J’avoue que j’ai parfois décroché mais j’y suis toujours retourné, attiré par l’odeur du sang, le pilonnage à répétition d’Hangoverdosis finissant par me rentrer dans le crâne. Je regrette par contre l’absence totale de voix dans le décorum, au moins quelques hurlements de dément bien placés ici ou là, pour donner un peu plus de répondant et de rebondissements à cette rengaine sataniste. Une messe noire c’est comme toute les messes, les enfants finissent toujours par trouver le temps long. Le set d’Hangoverdosis se termine et une désagréable odeur de cramé s’est répandue dans la salle, comme si un ampli venait de rendre l’âme. Mais comme je ne vois pas de fumée ou de flammes nulle part, je décide de ne pas paniquer plus que ça.
















Black Cobra joue en second et c’est une bonne idée : Chronomega, le dernier album en date du groupe, n’est pas le plus convaincant du duo californien et Black Cobra est le groupe que j’ai le moins envie de voir ce soir. Je vais à nouveau la faire courte : d’un côté un guitariste/chanteur et de l’autre un batteur. Le résultat : un hardcore métallisé avec des passages bien speed, d’autres bien sludge et parfois même doom… speed ? sludge ? doom ? Oui, c’est vrai, cela ne veut pas dire grand chose non plus. Traduction : c’est deux là jouent hyper lourd, hyper puissant, parfois hyper vite et surtout hyper fort. Tellement fort que je commence même à avoir les oreilles qui sifflent à chaque nouveau dérapage trop contrôlé du guitariste et d’autant plus que la qualité du son est plutôt mauvaise, même si elle finira par s’améliorer très nettement.
Le principal reproche que l’on peut faire à Black Cobra est simple: le groupe, bloqué en mode sportif de haut niveau, récite au pied de la lettre ses compositions, limite scolaire – presque sans vie disent les mauvaises langues, enfin presque sans vie mais avec une violence accrue d’où une certaine impression de froideur et même de vide affirment alors les récalcitrants. Si je trouve pour ma part que la musique des deux Black Cobra manque toujours autant d’originalité je suis par contre à fond dans leur débauche d’énergie et j’en profite pour tester précautionneusement la solidité de mes cervicales à peine remises de leurs tourments printaniers. Lorsque le groupe s’arrête de jouer après un ultime coup de tonnerre le silence ambiant me confirme bien que je continue à entendre des choses : les acouphènes arrivent déjà. Une connaissance me rassurera un peu plus tard en m’affirmant que voilà bien la preuve que j’ai encore quelques décibels à perdre malgré mon grand âge. Merci mec.
















Les Saviours montent sur scène et ils ont un nouveau bassiste (le deuxième en partant de la gauche), un petit jeune – moins ventripotent que les trois autres donc – qui assurera ce qu’il faut tout au long du concert. Celui-ci n’a même pas encore commencé que le chanteur/guitariste est déjà torse-poil, total tattoo attitude un peu risible. Le batteur teste son double pédalier et c’est parti pour une grosse demi heure de metal 80’s.
Seulement une grosse demi-heure ? Un rapide coup d’œil à la playlist du jour permet de se rendre compte que question durée le groupe n’a pas du tout l’intention de se forcer – un petit coup de fatigue après la furie du Hellfest 2010 ? Quoiqu’il en soit, bien que le groupe n’a pas joué assez longtemps à mon goût, les quatre californiens se sont bien donnés à fond, en rajoutant dans les postures tragiques – pieds sur les retours, headbanging de rigueur, etc –, nous offrant quelques duels de double guitare assez fantastiques, des accélérations incroyables, des passages épiques, de la double pédale (donc) et les Saviours confirment qu’en concert ils sont quelque part sur une ligne qui rejoint Saxon/Judas Priest à Motörhead. La grande classe, un deuxième test positif pour mes cervicales et la confirmation que demain je serai sourd.
















J’hésite : est ce que je vais rester pour le dernier groupe ou est ce que je rentre tout gentiment à la maison comme un grand garçon raisonnable ? Je décide de rester, ne serait-ce que pour assouvir ma curiosité à propos de Weedeater alors que j’apprends au détour d’une conversation que son bassiste/chanteur/leader/dealer n’est autre que Dave Dixie Collins, un ancien Buzzov-en et ex Sourvein qui a même assuré l’intérim chez Bongzilla (pas vraiment une référence en ce qui me concerne). Le gars est aussi connu pour s’être tiré dans le pied avec son arme favorite alors qu’en bon sudiste il passait du bon temps avec et pour s’être par la même occasion arraché le gros orteil.
Collins a l’air aussi taré que ses frasques le laissent supposer – Buzzov-en a une histoire assez sanglante et dramatique – et il va assurer ce concert comme la bête qu’il prétend être : il adore faire des grimaces, sautiller comme un cabri démonique, aller emmerder son batteur à la moindre occasion et surtout balancer des lignes de basse lourdes et incroyablement poisseuses.
Il joue son rôle à fond au moins jusqu’à ce que sa tête d’ampli ne crame et qu’il ne soit obligé de se servir de celle de rechange qui avait été mise de côté parce qu’ayant elle-même déjà un gros problème. Au départ on n’entendait pas beaucoup le guitariste (à la présence aussi discrète que transparente) mais là c’est foutu, le son de Weedeater vire à la mélasse. Le groupe continue de jouer malgré tout et arrive tant bien que mal à extirper un groove inexorable comme sur ce titre où l’on reconnaît sans peine des accents à la EyeHateGod/Buzzov-en, j’adore. Lorsque le groupe accentue davantage son côté stoner je suis un peu moins convaincu mais le sludge, la poisse, la crasse et la boue ne sont heureusement jamais très loin derrière. Weedater c’est donc surtout du grand spectacle et du défoulement grâce à un bassiste foutraque. J’aurais presque tout oublié dès le lendemain si en me réveillant je n’avais pas constaté que mes oreilles sifflaient toujours de plus belle. Cette fois ci c’est sûr, je suis complètement sourd mais comme je m’y attendais Saviours a incontestablement été le meilleur groupe de la soirée. Voilà c’était le concert metal de l’année, normal je n’en fais qu’un seul par an.