dimanche 13 juin 2010

Throatruiner records : Quartier Rouge, Plebeian Grandstand & Huata


Inaugurons le mode chroniques express en évoquant trois productions du label Throatruiner records. Pourquoi un tel traitement expéditif et collectif ? Hey, j’ai bien reçu ces trois disques en même temps (merci beaucoup), ils ont allégrement pris la poussière pendant des semaines, voire des mois, donc maintenant il est temps que je m’y colle et je me dis qu’un commentaire plutôt court diminuera d’autant le risque et l’intensité des vachardises que je m’apprête à dire sur ces trois disques.























On commence par Quartier Rouge et Les Années Lumières publié en coproduction avec Swarm Of Nails records. Le premier nom (et le seul) qui me vient à l’esprit à l’écoute de ce court album – dix titres, vingt petites minutes – est Daughters!. D’ailleurs le quartet parisien ne s’en cache pas, n’hésitant pas à citer ses homologues de Providence dans sa bio. Se revendiquer d’un groupe plutôt moyen cela tombe mal, d’autant plus lorsque le dit groupe vient tout juste de faire un bon en avant inespéré avec son troisième album. Chez Quartier Rouge le chant est en français, la voix est comme il se doit énervante, feulement, gémissement forcé et cri d’empapaouté sont au programme mais j’aime bien. Je suis partagé entre la curiosité pour des paroles qui m’ont l’air assez drôles (toutes ces histoires de gazinière ça m’émoustille) alors que ne pas tout comprendre du gloubiboulga qui sort de la bouche du chanteur est également un soulagement, l’éternel dilemme avec le chant en français.
Derrière le groupe joue à fond la carte d’un rock’n’roll noise, dégingandé, éthylique et hystérique et le fait plutôt bien. J’aurais préféré un peu plus de fantaisie, un peu à la façon du Massacre Du Client De 15 Heures, autre quartet parisien qui n’est pas sans rapport avec Quartier Rouge, et je suis non seulement surpris mais en plus je suis surpris d’être surpris. Comme quoi tout peut arriver. J’irai voir ces quatre petits gars lorsqu’ils passeront en concert par ici même s’ils n’ont pas beaucoup d’amis lyonnais. Très chouette artwork au passage.























On continue avec Plebeian Grandstand et son How Hate Is Hard To Define qui est également une coproduction, Basemenent Apes sortant le disque en CD et Throatruiner s’occupant de la version vinyle. Là encore, aucune hésitation, les Toulousains sont à fond dans le hardcore moderne, celui qui a émergé dans les années 90, et leur disque est un repompage quasiment à la lettre de Botch. On pense aussi très fort à Converge pour le dernier titre, un (…) Or Boring ? particulièrement lourd et visqueux à la Jane Doe (et au passage le meilleur de How Hate Is Hard To Define). Seulement, aujourd’hui, je n’écoute plus vraiment Botch et consorts, Converge a tendance à m’ennuyer et Plebeian Granstand manque singulièrement de recul par rapport à ses amours musicales. Ce disque n’est pas pour moi, la haine sans motif étant un motif de rejet catégorique et par pitié demandez au chanteur de nuancer un peu plus sa colère et de se calmer sur les effets. Appeler son album How Hate Is Hard To Define c’est aussi tendre le bâton pour se faire battre. Désolé.























Pour l’instant le résultat n’est donc pas si mal que ça en ce qui concerne Throatruiner : un disque pour et un disque contre. Quel suspens. Et en vieux roublard que je suis j’ai bien évidemment gardé le meilleur pour la fin. Le meilleur c’est Huata et son Open The Gates Of Shambhala. L’imagerie du groupe est on ne peut plus claire, on pense tout de suite à Electric Wizard, Huata est également un groupe de gros pompeurs. Côté instrumentation, le trio originaire de Rennes verse donc dans un doom très orienté seventies avec quelques pointes stoner (Josef Fritz Syndrom) et un gros parfum crasseux et épais de sludge boueux (il y a du EyeHateGod et du Buzzov-en dans Ratzinger Pussycat, mon titre préféré).
Le son de l’enregistrement est rude, suffisamment pour reléguer le manque total d’originalité de l’ensemble au second plan. La fuzz fait des ravages et la saturation règne en maître, il n’y a strictement rien à redire de ce côté-là. La messe (noire) est dite, la pucelle de l’illustration va pouvoir découvrir les joies du sacrifice de soi, de l’animalité cornue et de la double pénétration cruciforme. Dernier titre, Rotten Dick est le plus long de tous, complainte maléfique sur fond d’appels à la démence et il nous épuiserait presque avant que l’on puisse parvenir au bout de ses dix minutes. Huata, vainqueur par chaos.