lundi 12 juillet 2010

Austerity Program / Backsliders and Apostates Will Burn























Récidive ? Apostasie ? Les deux gugusses d’Austerity Program seraient plutôt adepte de la procrastination – un mot super à la mode qui ne veut pas vraiment dire la même chose selon que tu es directeur des ressources humaines ou simple branleur patenté. Des branleurs patentés, j’imagine que Justin Foley et Chad Calabrese le sont, avec cette fierté imparable et désarmante du nerd que rien ne semble pouvoir détourner de ses petites préoccupations personnelles. Ces mecs ne peuvent avoir que toute mon affection. Tout ça pour dire que Backsliders and Apostates Will Burn, nouvel EP quatre titres d’Austerity Program publié chez Hydra Head, succède à un Black Madonna datant déjà de septembre 2007*. Seulement quatre titres à se mettre entre les oreilles, oui ils ont pris leur temps.
Résumons une nouvelle fois la situation. Chad Calabrese joue de la guitare et chante (il chante même beaucoup plus et beaucoup mieux qu’auparavant me semble t-il) alors que Justin Foley s’occupe de la basse. Les rythmes sont toujours assurés par une machine. Malgré quelques tics sonores bien particuliers ce ne sont pas Steve Albini ou Bob Weston qui ont enregistré Backsliders and Apostates Will Burn : le son est sec et vif, la guitare finement tranchante, la basse vous écrase (c’est le boulot normal d’une bonne grosse ligne de basse, quoi) et les compositions sont plus tordues qu’il n’y parait au premier abord. Alambiquées dans leurs structures – ça part, ça revient, ça monte, ça descend, ça coince, ça explose… imaginez un peu Big Black en version prog, un truc dans ce genre là – les compositions et la musique d’Austerity Program semblent pourtant toujours aller à l’essentiel et surtout pointer vers un minimaliste et un décharnement proche de l’irritation cutanée ou même de la brûlure. Ah oui, tiens, je ne l’ai pourtant pas fait exprès mais le titre de ce disque est bien Backsliders and Apostates Will Burn, une drôle de séance de torture à vrai dire et à laquelle je me soumets volontiers. Les deux derniers titres du disque sont de loin les meilleurs, si ce Backsliders and Apostates Will Burn me tombait entre les mains dans une version vinyle il y a fort à parier que je n’en écouterais que la deuxième face et en particulier ce final quasiment lyrique qui m’arrache les tripes à chaque fois.
Comme d’habitude les quatre compositions présentées ici n’ont pas précisément de titre mais un numéro et sont même présentées dans l’ordre : Song 25, Song 26, Song 27 et Song 29. Exactement le genre de manie qui attire la sympathie, là aussi. Alors je prends sans aucun problème rendez-vous pour dans quatre ans et un nouvel enregistrement, losers.

* Austerity Program avait malgré tout publié un single en 2008, jamais écouté, comportant le tout premier titre du groupe, Song 1, et ce qui à l’époque était sa composition la plus récente, Song 20, pour une fois et exceptionnellement sous-titrée The River