lundi 26 juillet 2010

Brume Retina / Agresse Gueule























La première chose que l’on entend distinctement – et on l’entend vraiment très très bien – dès les premières secondes d’Agresse Gueule, deuxième album de Brume Retina, c’est ce foutu batteur, son jeu puissant et ce son de batterie de malade qui vous claque dans les oreilles. Et c’est parti pour quatorze titres et une bonne grosse demi-heure de hardcore fortement teinté de screamo. Ah oui… screamo, terme péjoratif entre tous dès que l’on parle de hardcore – moins que emo tout de même, restons sérieux – et que je n’emploie ici que pour une seule et unique raison, sans doute très mauvaise car par pur manque d’imagination : le chant, assuré à plusieurs voix, est constamment braillé pour ne pas dire aboyé, tellement braillé que les paroles (en français) échappent du coup complètement à toute tentative de compréhension. Alors voilà, si jamais Brume Retina avait des trucs intéressants à dire au monde et à ses contemporains je ne le saurai pas. Vous non plus. D’un autre côté, éternelle rengaine, le chant en français dans le rock’n’roll et affiliés est une pratique tellement abominable et ce pour des raisons évidentes d’esthétique et de phonétique de base que ne rien capter et juste entendre un type très énervé qui hurle comme si sa vie en dépendait est toujours un plus. Autre qualité évidente du chant chez Brume Retina : ils sont on l’a dit plusieurs à être énervés – au moins deux, peut être bien trois – dont un gros bouledogue avec constamment la bave aux lèvres et un roquet à poils courts mais perpétuellement hérissés.
Le son de la batterie est peut être terriblement efficace (et rappelons une dernière fois et juste pour le plaisir que ce son là ne servirait à rien si le type derrière la batterie en jouait comme d’une cruche en céramique) mais c’est toute la production d’Agresse Gueule qui donne le vertige et le tournis tellement elle est bien menée, que chaque instrument y sonne parfaitement à sa place, que l’ensemble est d’un dynamisme explosif qui vous arrache instantanément les hochements de tête approbateurs et caractéristiques du headbanger en manque de sensations fortes. Et là aussi, le velours clouté et le chauffé à blanc du son n’aurait servi à rien si les types derrière leurs instruments n’avaient eu de musclés que le nom et les (mauvaises) intentions. Mais chez Brume Retina on sait parfaitement tenir un manche tout comme on sait parfaitement trousser une composition qui vous ratatine la gueule et vous botte le cul. Hum, pas très distingué ni très finaud tout ça ? Détrompez-vous : Brume Retina aime parsemer son hardcore de petites surprises tel un chouïa d’harmonica sur L’Apprêt Et L’Après ou quelques breaks plus apaisés ailleurs (On Est Arrivé Si Loin…). Surtout Brume Retina réussit à élever ses compositions à un niveau général supérieur induisant deux choses essentielles et ici souvent concomitantes : premièrement aller droit au but et ne jamais laisser retomber l’énergie du départ, motherfuckers ; deuxièmement parsemer ses titres de breaks, de reprises de volée et de seconds départs pour ne pas laisser non plus retomber l’intérêt (La Victoire De L’Echo Sur La Voix). Le résultat est du genre époustouflant et poutral, ces gars – pourtant des vieux puisque avant ils ont déjà joué dans plein d’autres groupes – ont le feu, ces gars vous mettent le feu. Tout simplement.

Ce disque est une coproduction Emergence records, For U & X, Impure Muzik et Recap records auprès de qui il bien évidemment disponible pour pas cher.