mercredi 7 juillet 2010

Oval / Oh























C’est la deuxième grosse surprise de l’année – après l’annonce officielle de la reformation des Swans par Mickael Gira – et un sujet presque inépuisable de curiosité : le grand retour de Markus Popp sous le nom de Oval. Voilà en effet presque dix ans qu’Oval n’avait rien publié et voilà donc aussi que Thrill Jockey annonce deux nouveaux disques du groupe/entité pour la seule année 2010. Le premier, Oh, est un vinyle tiré à 1500 exemplaires et serait déjà épuisé. Le second, O, sera un double album à paraitre le 7 septembre prochain. Markus Pop et Thrill Jockey annoncent des directions musicales différentes par rapport aux premiers disques d’Oval (Systemisch et 94 Discont) et à ceux qui ont suivi jusqu’en 2001. Comment ne pas en être troublé ?
Le trouble ne dure pas très longtemps. Vous voyez la photo ornant la pochette du disque (c’est une vraie photo, collée à la main et tout) et les zoziaux délicatement posés sur une guitare ? C’est peu ou prou la représentation de l’orientation musicale de Oh : deux faces distinctes et très différentes mais faisant toutes deux la part belle à la guitare. Commençons par la plus intéressante c'est-à-dire par la première. Des pincements, frottements et pizzicati de cordes qui s’entremêlent, s’entrelacent et s’embrassent. Sur hmmm on reconnait le sens de la microcoupure et des accidents sonores qui ont été la marque de fabrique d’Oval mais on est également interloqué par cette batterie dont on ne peut deviner si elle est samplée ou non, parfois même proche rythmiquement de Charles Hayward/This Heat (hey) ou tentant basiquement d’être free jazzeuse mais n’y arrivant pas vraiment (le début de grrr). Seul Oh! Propose réellement quelque chose de l’Oval ancien, tout du moins jusqu’à ce que la batterie réapparaisse. Oh! est aussi le meilleur titre de cette première face malgré des faits évidents : pendant la longue période de silence de Markus Popp, d’autres musiciens – influencés c’est vrai par son exemple en matière de manipulations – ont électroniquement mis en sons une instrumentation classique ou ont carrément redessiné les contours d’une musique dynamique alliant l’organique et l’électronique (Fennesz, Radiant). En d’autres termes Markus Popp/Oval ne fait qu’imiter les conséquences musicales qu’il avait lui-même initiées sans trop le savoir il y a plus de quinze ans. Que le résultat soit réussi – et assurément il l’est – n’est pas le problème. La première face de Oh propose une musique belle et profonde mais déjà entendue alors qu’on nous lâche un peu avec le caractère prétendument toujours aussi novateur du travail de Markus Popp.
La deuxième face est une toute autre affaire. A la différence de la première qui ne comporte que quatre titres, celle-ci dégueule de onze plages, forcément courtes. On y entend, assez médusé, un Markus Popp jouant avec la souris de son laptop pour bidouiller ce que l’on pense à nouveau être des sons de guitare. Quelques additifs electro sont rajoutés pour faire monter une sauce qui ne prend pas car le problème est que la fraîcheur, l’inventivité et l’impertinence d’antan ne sont plus au rendez-vous. Parfois on croirait écouter un vague gratouillage de Derek Bailey mis en boite par Matmos ou kid606, autant dire que l’intérêt de la chose est (presque) nul. En espérant que le futur double album relèvera le niveau.