lundi 9 août 2010

Brutal Truth / Need To Control























Earache vient à peine de rééditer le premier album de Brutal Truth, Extreme Conditions Demand Extreme Responses, en proposant même depuis quelques semaines une toute nouvelle version en double LP, que le célèbre label anglais remet ça avec une réédition de Need To Control, le deuxième album du groupe. Pas de réelle remasterisation à signaler mais une belle présentation sous la forme d’un digipak en quatre volets, agrémenté de photos supplémentaires (mais pas inédites, tout le monde les connait ces photos) et avec cinq titres bonus pas bien terribles collés en fin de programme. Un livret – très laid, affublé d’une feuille de cannabis sur fond de logo Pepsi parce que le deathgrind c’est trop de la musique de drogués et sous-titré Choice Of A New Generation du nom d’une des meilleures chansons de Need To Control – propose en outre une inévitable interview de Kevin Sharp, interview que j’ai lue (à la différence de celle figurant dans la réédition de Extreme Conditions Demand Extreme Responses et qui date de la même époque c'est-à-dire septembre 2009) alors que je n’aurais vraiment pas du : à questions connes, réponses idiotes et Sharp n’avait pas l’air spécialement motivé non plus pour se plier à cet exercice de publi-reportage et de promotion obligatoires mis à part pour faire de la provocation bas de gamme et facile en affirmant des trucs tels que I am not here to entertain you.
I am not here to entertain you… ceci dit, il n’a pas tout à fait tort. A la différence de Extreme Conditions Demand Extreme Responses qui était un véritable défouloir et donc d’une certaine façon un disque divertissant, Need To Control, plus violent encore mais là n’est pas le problème, souffre quant à lui d’un tracklisting que certains à l’époque avaient jugé bon de qualifier d’incohérent et surtout sur ce disque Brutal Truth s’ouvre à davantage de diversité, d’expérimentations et autres bizarreries – comment ? un didgeridoo sur le titre Godplayer ? Il est sûr également qu’imposer un titre comme Collapse – un mid tempo lourd et industrialisant – en tête de gondole de Need To Control n’était pas la meilleure idée qui soit. Collapse est un excellent titre (il n’y a rien de mauvais sur Need To Control) mais pas la meilleure entrée en matière possible non plus. D’ailleurs c’est en gros toute la première moitié du disque qui déconcerte, Brutal Truth ayant visiblement décidé de brouiller les pistes. Les quatre américains se prêtent aussi au jeu de la reprise avec le Media Blitz des Germs (Mike Williams de EyeHateGod en guest à la voix) or si l’hommage fait plaisir à entendre on peut également penser qu’il n’a rien à faire au milieu de cet album que du coup il dénature encore plus – une face B de single aurait été un bien meilleur endroit pour graver Media Blitz. Ce qui sauve Need To Control c’est donc la haute qualité et l’ambition des compositions. A bien y réfléchir, faire tenir cet album debout en en modifiant le tracklisting afin de le rendre moins hermétique aurait été une tâche impossible. Après toutes ces années et de nouvelles écoutes, Need To Control est toujours un album incroyablement étrange mais complètement fou qui a autant sinon plus marqué les esprits que son prédécesseur, et dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui. Si Extreme Conditions Demand Extreme Responses est un classique quasiment parfait de Brutal Truth, Need To Control est plutôt le chef d’œuvre bancal du groupe.
Passons rapidement sur les cinq bonus, sauf sur Wish You Were Here (à l’origine face B de Godplayer) qui est bien évidemment une reprise de Pink Floyd : le jour où quelqu’un arrivera à faire quelque chose d’à peu près potable d’une composition post 1967 de ces anglais pénibles et boursouflés, que l’on me fasse signe. Brutal Truth échoue également, même en collant derrière Wish You Were Here un Wish You’d Go Away qui ne fait pas rire du tout (c’était pourtant bien le but de la manœuvre, non ?) mais accentue le ridicule de la chose. A noter aussi une reprise pas trop mal du Dethroned Emperor de Celtic Frost mais reprendre le groupe de Tom G. Warrior est une autre gageure, pas pour les mêmes raisons, bien évidemment.