dimanche 24 octobre 2010

Fine China Superbone / Make-Machine





















Nom du groupe : Fine China Superbone. Titre du disque : Make-Machine. Label : Narrominded. Genre : noise rock à tiroirs et mélodique. Avis général : encore un groupe en provenance directe d’un revival noise 90’s qui n’en finit plus de nous étourdir les oreilles, pensez aux Dazzling Killmen, ajoutez-y une grosse pincée de dextérité mathématique et un effort de composition largement au dessus de la moyenne et vous aurez tout bon – c’est hautement recommandé, comme on dit.

[fin de la chronique]

Je discutais l’autre jour avec un ami qui travaille de temps à autre dans un magasin de disques bien connu de cette bonne vieille ville de Lyon, magasin dans lequel il passe le plus clair de son temps à tenter de trier le bordel incroyable qui règne dans le non-classement des bacs à disques. Autant dire qu’il est vraiment très loin d’en avoir terminé mais qu’un tel foutoir joue aussi pour beaucoup dans le charme du lieu. Le but du jeu est donc d’extraire des caisses de disques empilées ça et là des vinyles attractifs selon les critères du moment et de les mettre en vente dans les bacs disponibles aux visiteurs du magasin et inversement de virer les vieilleries pour les mettre au rancard dans ces mêmes caisses. Et au passage d’écouter des disques que l’on ne connait pas ou que l’on a oubliés. Le bonheur absolu.
Et voilà qu’il me raconte que, alors qu’il s’apprêtait à passer au pilori toutes une série de disques de Yes, Genesis, Emerson, Lake & Palmer ou même Marillion*, le propriétaire des lieux a soudainement arrêté son bras vengeur et annonciateur d’une mise à mort certaine en lui expliquant que « non, faut pas les enlever ceux-là, tu sais les gamins commencent à m’en réclamer de plus en plus ».
Les bras m’en tombent. On a beau savoir qu’en musique comme en beaucoup d’autres choses les critères et goûts respectent une espèce de cycle, que les horreurs du passé se reproduiront forcément à l’avenir, en pire même, parce que trop souvent de façon caricaturale (il n’y a qu’à voir comment les 80’s primitives ont été passées à la moulinette turbokitch par des groupes aussi putassiers qu’indigents), oui on a beau savoir tout ça, jamais on ne peut imaginer un retour en fanfare des dinosaures du rock progressif sans en avoir des sueurs froides et une nausée persistante. Le cauchemar absolu.

Un bon remède pour pallier à cette engeance – le jour où un remède musical contre la politique sécuritaire d’un gouvernement ultra libéral et corrompu sera trouvé, promis on vous fera un signe – donc le bon remède pour pallier à la diarrhée prog c’est justement un disque tel que Make-Machine de Fine China Superbone (OK, j’avoue que le nom du groupe n’est pas terrible, l’artwork non plus d’ailleurs mais c’est pas grave). Un mini album qui sent bon le dépucelage trépidant à base de deux guitares virevoltantes et aiguisées et d’une rythmique rebondissante et qui tape fort. Ça va vite, ça tombe systématiquement dans le mille et ça fait constamment des étincelles sans pour autant ressembler à un vulgaire sapin de Noël. On entend quasiment pas de voix, seulement à la fin du dernier titre un type sorti on ne sait d’où se met à beugler, et c’est la seule critique que l’on pourrait exprimer à propos de ce disque bienfaisant. Un peu de chant, rare mais bien placé, eût été un plus. Les Fine China Superbone expliquent quelque part qu’ils ont eu un chanteur mais que pour l’instant il en a marre de s’exprimer dans le cadre d’une action collective. Le groupe a donc compensé avec quelques samples discrets apportés par un vieux pote (et d’où provient la voix mentionnée plus haut).
Make-Machine est donc un disque quasi obligatoire. Ce qui le rend encore plus obligatoire, c’est qu’il est disponible auprès du label pour la modique somme de 10 euros port compris. Diantre. Et si vraiment on ne peut pas parce que les temps sont trop durs et bien l’intégralité de Make-Machine est téléchargeable ici.

* si le nom de ces groupes honnis entre tous sont barrés c’est par pur soucis déontologique et de bonne moralité