mercredi 22 décembre 2010

Les Louise Mitchels / Es Hat Uns Spass Gemacht























Quand j’écoute les Louise Mitchels et leur nouvel album Es Hat Uns Spass Gemacht je ne peux pas m’empêcher de penser, instinctivement, sans trop y réfléchir, que ces petits gars sont tout bonnement formidables. Limite si je ne vais pas tomber amoureux direct. Es Hat Uns Spass Gemacht est me semble-t-il le deuxième album de ces garçons, leur tout premier en vinyle, après un CD sans titre en 2008 et quelques splits éparpillés à droite et à gauche. C’était déjà très bien les Louise Mitchels, ça envoyait plus que sèchement sur disque, ça pétaradait foutraquement sur scène et ça militait patiemment sans pour autant dogmatiser comme des ayatollahs alternos. Mais alors là, avec Es Hat Uns Spass Gemacht, on va bien être obligés de leur ériger un piédestal au premier rang du panthéon local des groupes instrumentaux et malades qui se moquent absolument de tout sauf peut être de nos petites gueules enfarinées même si on perçoit très nettement que la seule chose qui intéresse ces garçons c’est de jouer, jouer toujours plus, qu’importe les conditions mais de jouer encore. Merci les gars.
Les membres du groupe tournent mais grosso modo on a toujours affaire au même genre de formation (guitare, basse et batterie), une formation bien resserrée et nerveuse, qui vous aligne des plans et des idées qui hors contexte vous feraient très certainement hurler à la mort. C’est aussi punk as funk que groovy mais ça dégage aussi un petit côté metal archéologique franchement rigolo – le riff d’intro de Rachid A Darty fait carrément penser à du Exodus ou à du Testament. Je ne connais pas non plus beaucoup de groupes capables de citer Blue Rondo A La Turque de Dave Brubeck (sur Cahouettes Breakdown) ou Petit Papa Noël (pour J’ai Vu Tino Rossi A Woodstock en 67) sans avoir l’air parfaitement idiot ou ridicule. De la musique des Louise Mitchels se dégage toujours un sentiment d’humour féroce, pourquoi pas méchant, mais jamais vicieux donc toujours avec une certaine dose de classe de qualité résolument supérieure – même si le groupe fait tous les efforts du monde pour nous persuader du contraire en donnant à ses compositions des titres d’un mauvais goût plus que douteux n’ayant rien à envier aux sentences alternos de punks à chiens inscrits aux philosophes anonymes.
Miraculeusement c’est la concision qui a le dernier mot chez eux – ce n’était pas si évident que ça avec un groupe pratiquant la générosité musicale outrancière – donc toutes les compositions sont ici nerveuses, courtes, expéditives même, rebondissantes, échevelées et en cascade. Sur Math Zouk vs Funky Boris (ou Math Zouk Manifeste, tout dépend de comment on s’y prend pour écouter ce disque) Franky Vincent tient le rôle de guest star mais se prend rapidement un bon coup de pied au cul car les Louise Mitchels ne sont pas des clowns pour autant. Pas des clowns c’est à dire qu’ils ne font pas semblant, s’arrachent la gueule, vous convient à faire de même et si vous refusez ce sera tant pis pour vous. Eux auront essayé et pas vous. Pas de grandes leçons à donner et donc à recevoir mais du vitalement revigorant et du facultatif essentiel. Donc rien que du plaisir pur.
Es Hat Uns Spass Gemacht est disponible via le propre label des Louise Mitchels, Et Mon Cul c'est Du Tofu ? Ecrivez-leur, envoyez-leur des lettres d’amour, pour votre plus grand bonheur ils ne vous répondront qu’avec des phrases se terminant par dans ton cul mais ils finiront quand même par vous envoyer ce foutu disque : un vinyle de onze titres dans une pochette double avec une superbe illustration et à l’intérieur vous trouverez également un CD reprenant l’intégralité de Es Hat Uns Spass Gemacht plus les titres du split avec Famous NTM (2007, le disque est épuisé), ceux du split vinyle avec Sex Drugs & Rebetiko (2009) mais aussi avec une reprise en français dans le texte de Metal On Metal d’Anvil. Immanquable.