vendredi 17 décembre 2010

Ox Scapula - Conger! Conger! / split




















Les anglais de Ox Scapula sont déjà de retour après un premier album, Hands Out, plutôt remarqué. Cette fois ci nous avons droit à deux titres seulement sur la première face d’un 10 pouce partagé avec les marseillais de Conger! Conger! dont le premier enregistrement chez XcRoCs records avait également constitué une bien bonne surprise. C’est Katatak, label d’activistes marseillais (à qui on doit entre autres l’excellent album sans titre de Ntwin), qui est responsable de la parution de ce split. L’objet est sobre mais élégant : l’artwork toujours aussi lunaire a une nouvelle fois été confié à Pierre Guilhem tandis que la sérigraphie a été assurée dans les ateliers du Dernier Cri, on ne change pas une équipe qui gagne.
Mais revenons au principal c'est-à-dire à la musique. Celle de Ox Scapula ne semble pas avoir bougé d’un iota par rapport aux huit titres de Hands Out. On reconnait sans peine cette élasticité ombrageuse, cette nervosité latente et cette tension à fleur de peau qui caractérisent la musique des anglais. C’est un peu comme naviguer sur une mer d’huile, tout semble calme, tout à l’air plat mais si on plongeait la main dans l’eau on s’apercevrait qu’en fait elle est non seulement bouillante mais qu’en plus elle vous a rongé les doigts jusqu’à l’os. Complètement dégraissés, radicalement asséchés, Green et Tame se révèlent même finalement meilleurs que tous les titres de Hands Out réunis. On vous conseille donc de commencer par là pour faire connaissance avec ce groupe anglais tout simplement épatant.
On retourne le disque pour écouter avec une curiosité non feinte les deux nouveaux titres de Conger! Conger!. Le congre est un poisson fort peu sympathique et particulièrement vorace à tel point que l’auditeur – même averti – ne sait jamais à quelle sauce il va être mangé. Statue est un titre d’indie pop bon teint, euh non, attendez… Statue est encore un de ces titres en forme de boite à surprise tels que Conger! Conger! en est coutumier : de la pop certes mais noisy et nerveuse, avec un chant pour le moins dynamique, c’est très bien envoyé. On a à peine le temps de s’y installer que Statue change soudainement de point de vue avec l’apparition d’un chant de castra au bord de la crise de nerfs. C’est particulièrement osé, tellement osé et hors catégorie et que cela en devient captivant. L’explosion de la fin se conclue par des sifflements d’écoliers en pleine chasse au trésor dans les bois et on voudrait tout de suite réécouter Statue. Mais on ne peut pas. Pierre débarque aussitôt et Pierre – avec son chant hurlé, en fait ils chantent tous dans Conger! Conger! – est une courte salve de moins de deux minutes qui vous catapulte aux avant-postes, là où ça bataille ferme. C’est tout aussi méritant que Statue mais on peut aussi préférer l’exubérance et le décalage de ce dernier. Conger! Conger! est un groupe qui prouve une nouvelle fois qu’il ne fait rien comme les autres. Pourvu qu’ils continuent comme ça et vivement l’album.