lundi 24 janvier 2011

Première Rondelle


Le principe de Première Rondelle est aussi simple qu’il est sympathique : Assos’Y’Song est un label qui organise également des concerts et devant la galère des trop faibles défraiements/cachets proposés aux groupes venant jouer dans leur bled – ce n’est pas la question de payer les groupes qui se pose mais bien celle de le faire décemment – les gens de Assos’Y’Song ont eu l’idée de cette compilation en forme de caisse de soutien. 21 groupes ont donné un titre (parfois inédit), 21 groupes qui ne bénéficieront peut-être pas des retombées de cette Première Rondelle mais qu’importe puisque d’autres y auront droit. Principe de solidarité.
Avec un prix de vente tiers-mondiste fixé à 6 euros maximum, Première Rondelle est surtout un échantillonnage aussi miraculeux qu’efficace de la scène musicale do-it-yourself du moment. Difficile de faire la moue même si bien sûr on ne peut pas tout aimer sur ce disque. Il y a le choix. Ce que l’on apprécie par contre totalement c’est l’artwork du CD signé Lilas et la sérigraphie assurée par Le Dernier Cri. Si on se fout complètement de l’aspect d’utilité publique de Première Rondelle, on sera au moins sensible à la qualité visuelle de l’objet. Et c’est parti pour l’énumération forcément fastidieuse des groupes participants…
A tout seigneur, tout honneur : les Death To Pigs déballent leur reprise de Hahaha de Flipper, ligne de basse bien en avant, interprétation pute à groove, chant démoniaque d’obsédé sexuel et guitare ramasse miette un peu en retrait. Tout simplement excellent et le titre qui a lui tout seul justifie l’acquisition de cette compilation.
Allez Kikette
Kiss My Feet. Oui le nom est ridicule. A nouveau une grosse basse – merci Ki(c)kette –, une batterie tellement sommaire qu’on jurerait qu’elle est tenue par une fille et un résultat punk criard et lourd, éthylique et bon enfant. Rien d’inoubliable mais finalement sympathique (non, sympathique n’est pas forcément une insulte).
Avec Deity Day les Rubiks envoient un titre datant de la préhistoire du groupe, un titre très punk à roulettes – je préfère lorsqu’ils font les gorilles sabbathien et montrent leur luxuriance poilue et dévastatrice.
Hallux Valgus débarque avec My Own Pet et même si ce titre n’a rien d’inédit puisque publié à l’origine sur Gale = Paranoïa + Psychose + Frustration on retrouve non sans bonheur le meilleur duo noise punk du coin. Les pieds qui puent, et haut la main.
Les PayDay les suivent au plus près et gare aux fesses ! Ces jeunes gens balancent un hard core mathématique et anguleux – et pourquoi pas chaotique pendant qu’on y est ? – du meilleur effet et tout simplement excellent. Ces mecs ont-ils jamais sorti le moindre enregistrement, une démo, une cassette, un CDr ? Quelle que soit la réponse, je suis preneur.
Après les homos stupides, les nîmois de Shub prennent les devants avec un Sunday funky punk as fuck, snappy as Shub et de bonne facture. Ah oui, on n’a pas dit que du bien de Fuck My Luck, le nouvel album du groupe, mais on n’en a pas dit que du mal non plus. L’ambivalence continue.
X-Or et AB Production. N’ayant aucun humour ni aucun respect pour les matamores trépassés – qu’ils soient bataves comme Jacques Brel ou, c’est le cas ici, occitan comme Claude Nougaro – je n’ai rien à dire sur cette chose dont il paraitrait qu’il s’agit d’une blague. Promis je vais essayer de m’enlever ce doigt que les PayDay m’ont carré bien profond tout à l’heure et que je n’arrive toujours pas à enlever.
Black Kite pourrait y parvenir avec son Zip si le chant féminin n’était aussi réfrigérant. Dommage parce que pour le reste le mélange post punk/new wave de Black Kite est plutôt réussi. Je suis sûr que le groupe peut faire beaucoup mieux si ce n’est déjà le cas.





















Pour savoir tout le bien que je pense d’Headwar, autant aller lire ceci. Malgré le son un peu terne et un niveau de composition plutôt moyen, Diligence fait plus que jamais espérer qu’un jour ou l’autre ce groupe d’Amiens publie enfin un véritable album. Non mais qu’est ce que vous attendez les garçons et les filles ? De jouer au Fuckfest #3 par exemple ?
Les Prosperr, youpla boom, sont les rois du jeu de mot foireux mais ce Highway To Whales instrumental et puissant distribue les pains dans la gueule et ne manque pas d’épices. Une excellente surprise. Prosperr a publié un album il y a quelques années sur le non moins excellent label A Tant Rêver Du Roi donc la question est : ce groupe existe-t-il encore ?
Retour à la new wave/post pounque avec Dr Benway et Sadya. C’est la même chanteuse que Black Kite ? Non je ne crois pas : elle chante mieux et apparemment elle chante des trucs dégueulasses, ses histoires de sex toys me décontractent suffisamment le sphincter laxiste pour me débarrasser définitivement des PayDay.
Je connais cette voix… ah oui : One Foot Dancer partage son chanteur avec Shub, sauf que là il joue de la basse et non de la guitare. Monkey Proof est loin d’être génial mais par contre One Foot Dancer vient tout juste de publier un nouvel album, The Dead Note Theory, dont vous me direz des nouvelles et plus vite que ça. Peut être même qu’on finira par le chroniquer ici, ce disque d’unijambistes new-wave.
Rosvita est le seul groupe méditerranéen pour de vrai de cette compilation de sudistes puisque il est espagnol. Malheureusement Calcetines Rojos De La Suerte est un peu trop court pour se rendre vraiment compte de quoi que ce soit. Dommage, ça avait l’air plutôt bien.
Je passe sur le Mister Lover de Out Of School Activities (à cause du nom du groupe j’ai espéré un temps qu’il s’agisse d'un tribute band à Turbonegro mais non).
C’est ensuite au tour de Calva : Kato est un titre que l’on retrouve dans une version très différente sur le split du duo avec Io Monade Stanca mais ici tout est bien plus sec et sans le côté vocomurder. Voilà un excellent titre, entre math rock et noise voltigeuse. J’aimerais bien voir ces jeunes gens un de ces quatre sur scène.
Dure Mere et Quien La Mato A Lulu. Même punition que pour X-Or et que pour Out Of School Activities : j’appuie sur la touche avance rapide du lecteur CD même si j’avoue que je me laisserais sans doute volontiers embringuer par cet accordéon si j’assistais à un concert de Dure Mère. En fait Quien La Mato A Lulu me fascine autant qu’il me révulse.
Ntwin. 60 Fingers est l’un des meilleurs titres de l’album sans titre que Ntwin a publié en 2010, album qui a d’ailleurs largement mérité sa place dans le Top Of The Dope de cette même année. En bref que du bon et rien à ajouter sauf que la version présentée ici n’est pas la même.
Poutre propose Kill Monsanto ! que l’on connait déjà, c’est un titre de l’album Escalade des Nîmois et une excellente façon de faire, si ce n’était déjà le cas, connaissance avec la noise carrée et traditionnaliste du trio.
Jubilé avait partagé un excellent split album avec Ntwin. Revoici le groupe avec un Nein Nein qui figure justement sur ce split et dont il était au passage l’un des moments de bravoure.
Pord : Joyeux Mimosa n’a rien d’un inédit puisque on le retrouve sur le meilleur split single publié en 2010. Pord est aussi l’auteur d’un des meilleurs concerts vus l’année dernière et le groupe s’apprête à marquer cette année 2011 au fer rouge avec la publication d’un premier album qui est, c’est le moins que l’on puisse dire, attendu avec une impatience grandissante.
Superbeatnik termine Première Rondelle avec un Woo power psyché stoner qui contre toute attente réussit son coup. Contre toute attente ? Je n’ai jamais osé écouter le disque de ce groupe, échaudé par l’étiquette stoner de sa musique. Sans doute ai-je eu tort mais je ne saurais en dire davantage non plus. Tant pis pour ma gueule.
Cette compilation tirée à 500 exemplaires est disponible auprès des groupes qui figurent dessus – j’ai acheté la mienne à un concert de Pord – ou bien auprès du label, ici.