jeudi 19 mai 2011

Report : Chris Brokaw et Boy & The Echo Choir au Sonic






















Et voilà. Je ne voulais pas y aller mais j’y suis quand même. Où ça ? Au Sonic, pour le concert de Chris Brokaw. Qui ça ? Et bien… Chris Brokaw, quoi, légende de l’indie US des 90’s. Une légende ? Oui, enfin… Il a joué dans Codeine – personnellement c’est mille fois non –, groupe qu’il a eu la bonne idée d’abandonner en cours de route pour rejoindre Come, en compagnie de Thalia Zedek – et là c’est plutôt mille fois oui.
Subissant les pressions à peine croyables de l’un des organisateurs de la soirée – je résume : concert gratuit suite à une honteuse magouille à base de subventions estudiantines, distribution illimitée de parts de tarte aux pralines à l’entrée de la salle, cacahouètes et saladier de bonbons en libre service sur le bar, une somptueuse sérigraphie de l’affiche du jour offerte pour chacun et la promesse d’une soirée conviviale se déroulant dans la bonne humeur et un entrain sans cesse renouvelé – je me retrouve donc une fois de plus sur la péniche rouge, à attendre que ça se passe, à fumer des cigarettes (beaucoup) et boire quelques bières (pas assez, malheureusement).
Voici donc le norme déroulement d’une soirée historique pendant laquelle j’ai passé plus de temps à pavaner dehors plutôt qu’à nourrir mon spleen naturel à l’intérieur. Une soirée joie de vivre et nouilles en salade comme dirait l’autre.















Ça commence avec Boy & The Echo Choir, un nom un peu compliqué pour un duo de filles qui jouent une pop sépulcrale et pas rigolote du tout. L’une d’elle explique que normalement il y a également un batteur dans le groupe et qu’en plus son acolyte aux claviers utilise aussi un accordéon, chose qu’elle ne fera donc pas ce soir. Elle explique enfin que c’est la première fois qu’elles jouent ainsi avec cette formule réduite et inédite. D’ailleurs on sent un certain stress traverser continuellement la scène du Sonic. Je frissonne immédiatement.
Si j’avais écouté l’album de Boy & The Echo Choir avant le concert, je ne serais sûrement pas venu. Mais voilà, je ne connaissais pas, je n’ai rien écouté avant et me voilà à assister à un concert que je n’apprécie absolument pas (hop : je sors l’argument imparable et malfaisant dit « des goûts et des couleurs ») mais c’est aussi un concert auquel je reconnais certaines qualités : compositions en place, arrangements subtils, belles voix et harmonisations vocales impeccables. J’attends impatiemment que la claviériste joue de sa scie pour quitter la salle en compagnie du réconfort houblonné qui s’impose obligatoirement dans ce genre de circonstances. Et en passant devant la table de marchandising je m’aperçois que l’album de Boy & The echo Choir a été publié par deux labels dont on parle de temps à autres par ici, à savoir : Le Son Du Maquis (qui a publié 202project, Alan Vega & Marc Hurtado ou réédité le 13 13 de Lydia Lunch) et Humpty-Dumpty records (qui a publié les deux albums de K-Branding) – ce monde est aussi petit que merveilleux.





















Place à Chris Brokaw, le héro de la soirée. En un seul et premier titre je pense que l’affaire va être rapidement emballée : morceau énergique, présence minimale mais suffisante, chant volontaire et surtout songwriting de qualité supérieure. Or, dès le deuxième titre, tout se casse la gueule : Chris Brokaw retombe tout de suite dans les travers et défauts du chanteur misérabiliste avec des airs de Droopy à vous donner envie de plastiquer sur le champ la fourrière locale. J’espérais pourtant qu’il allait au contraire réussir à nous éviter tout ça. Et bien c’est raté. Prenez la deuxième phrase du présent paragraphe, inversez-en totalement le sens et vous aurez une toute petite idée du désarroi dans lequel ce concert m’a rapidement plongé. Désolé, Chris, tu as l’air vraiment sympa, ton air de chien mouillé est absolument attendrissant, tu as sorti de très grands disques avec Come, ta Fender Jaguar était absolument magnifique mais, non, je ne pouvais vraiment pas.

Au lieu de basculer dans la plus totale confusion, cette soirée a donc viré à la mollesse la plus incroyable. Tout le monde a pu facilement attraper son dernier métro ou son dernier tramway pour rentrer pas trop tard à la maison et se coucher dans un lit douillet afin de bénéficier d’une bonne grosse nuit de sommeil.
Une soirée en forme de parenthèse, donc, avec tout de même un point très positif : depuis la fermeture de sa libraire et avant l’ouverture de son site internet, Loïc de Grand Guignol tient régulièrement aux concerts du Sonic ou de Grrrnd Zero un stand de livres tous plus intéressants les une que les autres – livres qui parlent de musique mais pas seulement. Par exemple mardi soir j’y ai trouvé celui-ci, ce qui me réjouit fortement puisque je n’ai encore jamais lu I.G.H. de Ballard et que je vais avoir grand plaisir à relire L’Ile de Béton des années après l’avoir découvert pour la première fois. Merci.
[quelques piètres photos de la soirée]