mercredi 29 juin 2011

Monarch / Sabbat Noir & Sortilège


Certains éprouveraient une certaine lassitude face à la musique de Monarch, finissant par hausser les épaules à chaque fois que le groupe publie un nouvel enregistrement : Monarch ce serait toujours pareil, toujours les mêmes riffs, toujours la même façon de faire monter la sauce et toujours la même façon de placer les voix. Les détracteurs du groupe n’ont pas tout à fait tort, le groupe fait toujours la même chose bien que depuis le tout premier disque en 2004 (un double CD, trois titres seulement…) et le formidable split avec Elyziüm en 2006 le groupe va de plus en plus loin dans la lourdeur et dans la déconstruction par la lenteur de riffs monolithiques et d’ambiances qui parfois n’hésitent plus à flirter davantage avec les flottements lysergiques qu’avec le souffre. Autrement dit la musique de Monarch est de plus en plus fantomatique et terrifiante. Lorsqu’il arrive qu’un riff remonte à la surface, comme celui qui sert de pivot central à la deuxième partie de Sabbat Noir, le résultat est immédiat et foudroyant : Monarch nous entraine aussi loin que possible dans la noirceur et l’innommable – ce disque porte effectivement bien son nom.
Enregistré comme ses prédécesseurs aux studios Amanita par Stephan Krieger, Sabbat Noir est comme toujours un bon album de Monarch et il a cette particularité de nous faire entendre un line-up comprenant pour la première fois Robert MacManus à la batterie (ex Grey Daturas, l’un des groupes les plus regrettés de ces dernières années). MacManus a également publié Sabbat Noir sur son propre label, Heathen Skulls, en vinyle et en CD. Bien que le disque soit paru il y a déjà plus d’une année il reste toujours aussi passionnant car la musique de Monarch, peut être parce qu’elle est extrêmement connotée, finit par gagner un côté intemporel, le groupe étant en quelque sorte devenu la quintessence du doom et du down-tempo.





















Mais ce n'est pas tout : Sabbat Noir a eu une suite inattendue au printemps dernier. Sortilège est un EP ne comprenant à nouveau qu’un seul titre mais cette fois-ci relativement court (onze minutes) et enregistré pendant les mêmes sessions que Sabbat Noir. Ce disque a plus précisément été publié pour accompagner Monarch lors d’une tournée japonaise et australienne mais ne saurait être considéré comme un fond de tiroir ou une banale chute de studio.
Plus que jamais Monarch s’enfonce avec Sortilège dans des terrains évanescents et putrides qui doivent presque autant à la musique ambient qu’au doom. Il ne s’agit pas ici d’un simple et long drone ou d’une plage paresseuse déversant un seul et même son ne variant que trop peu mais d’une construction, répétitive et presque tribale, certes beaucoup plus « cinématographique » qu’à l’accoutumée. On n’en demandait pas tant.





















L’actualité du groupe c’est aussi et surtout sa participation en cette fin d’année (du 21 au 23 octobre) au Supersonic Festival de Birmingham (aux côtés de Tony Conrad, ZU93, Electric Wizard, Scorn, Wolves In The Throne Room, Agathe Max ou Oren Ambarchi – une vraie programmation de malades) et que surtout Monarch s’apprête à publier son tout nouvel album, joie
Pour une fois celui-ci n’aura pas été enregistré aux studios Amanita mais en partie en Australie et au Japon alors que les voix l’ont été à Montréal et que le mix final a été assuré aux Engine Studios de Chicago par Sanford Parker (Minsk, Nachtmystium, Twilight…). Autant dire que ce disque attendu pour la mi-aout risque à nouveau de beaucoup faire parler de lui, seulement on n’attendra pas ici une année entière pour le faire. On peut d’ores et déjà en écouter un court extrait, intitulé Omens.