vendredi 3 juin 2011

ÖfÖ Am / The Beast Within






















Il y a sûrement un concept derrière The Beast Within, le nouveau disque de ÖfÖ Am : on a bien remarqué ce sous-titre, A Journey In The Life Of Öctaman, on a noté également que le disque est divisé en trois « actes » (The End Was The Beginning, The Release et Orange And Dusk) et de plus chaque début de partie – mais également la fin du disque – est assorti d’une voix enregistrée qui semble nous raconter une histoire. Et puis tu la vois cette pochette ? Avec son illustration montrant Herbert West se prenant pour Old Boy lors d’une soirée d’Halloween ? Bon voilà. Tu le tiens ton concept. Pourtant je n’y ai pas compris grand-chose d’autre. Mais je n’ai pas fait beaucoup d’efforts supplémentaires non plus, parce que je me suis confortablement installé dans l’écoute d’un album autrement plus emballant et consistant que son prédécesseur, un 10 pouces sans titre publié en 2009 par Head records.
Pourtant, le stoner instrumental, ce n’est pas vraiment le genre de la maison, ici on a même tendance à fuir l’exercice tellement il nous parait aussi inutile que vain mais voilà, on doit bien également admettre que dans la catégorie concernée – à laquelle, c’est vrai, on n’y connait pas grand-chose non plus – ÖfÖ Am se montre plus que convaincant que la moyenne, balayant ses références un brin encombrantes d’un revers de main et se montrant intraitable sur tous les plans. On oublie donc les sempiternelles allusions à Karma To Burn que le groupe semble aduler plus que tout (on se rappellera qu’en 2010 ÖfÖ Am a partagé un split single avec les américains sur Napalm records), allusions qui se montreraient excessivement réductrices, et on se concentre plutôt sur un disque bien plus varié et palpitant que ce que l’on aurait supposé au départ. Surtout, on goûte fort au dynamisme d’une musique pleine de (bonnes) surprises comme ce Montée Religieuse agrémenté d’un synthétiseur kitchounet de tous les diables et qui se déverse sans aucun complexe dans une composition d’une théâtralité presque effarante – vous connaissez Anvil Of Crom, la musique que Basil Pouledoris avait composé pour le film Conan Le Barbare et que Zëro reprenait il n’y a pas encore si longtemps ? Et bien vous avez une petite idée de la teneur de ce Montée Religieuse qui tient autant de l’heroic fantasy que de l’envol sous acide. A l’opposé The Wieding Present qui lui fait suite ou bien Lasserre Baltz sur la première face du disque permettent de se rendre compte que l’autre visage de ÖfÖ Am doit beaucoup au punk – du moins à l’énergie punk, car ces deux titres regorgent également de riffs stoner seventies à convertir un pèlerin de Katmandou à la bastonnade altamontaise.
On soupire enfin devant la qualité du son et de la production de The Beast Within. On sait que le guitariste et le bassiste du groupe utilisent des pédales d’effets Mazzette fabriquées par leur moustachu de batteur et le résultat en est que les cordes chez ÖfÖ Am sonnent incroyablement, avec un son précis mais chaud, épais mais distinct, comme on n’en entend pas tous les jours chez les amateurs de vieilleries 70’s et autres suppôts rétrogrades. On profite plus que jamais de ces riffs de guitare et de ces lignes de basse et, même, on s’étourdit sur quelques soli (Ultra Magnet, Carburator Baltz ou The Wieding Present) bien montés et bien menés. Il n’en reste pas moins que des bonnes pédales d’effets ça ne fait pas toujours tout et que l’on ne peut également que saluer le grain d’un enregistrement aussi chaleureux que puissant.
The Beast Within est disponible directement auprès du groupe ou bien auprès de son label, Slow Death.