vendredi 1 juillet 2011

Emptyset / Demiurge



















Ce deuxième album d’Emptyset est très étonnant. Le premier, sans titre et publié en 2009 chez Caravan, présentait une sorte de techno ultra minimale, ultra répétitive et ultra référencée devant tout à certains artistes/DJs des années 90 – Riou par exemple, trois superbes albums publiés entre 1995 et 1997 sur Kk records – mais terriblement efficace. S’il nous fallait absolument un bon disque d’électro minimale par an et bien pour l’année 2009 (en fait 2010 puisque ce disque est sorti en fin d’année et n’a été découvert que sur le tard) ce serait le premier album d’Emptyset.
Pour Demiurge : changement total de décor. Sur la pochette un impact (de balle ?) a remplacé le bout du tunnel/imitation d’éclipse astrale, on en déduit qu’Emptyset va nous resservir la même chose mais en version plus acérée et encore plus rude. On ne s’est pas totalement trompé… Demiurge exclut quasiment systématiquement toute forme de rythmique et nous sort de son chapeau digital des textures que l’on reconnait pour les avoir déjà entendues chez Pan Sonic, par exemple. On trouve également des relents de musique industrielle, celle qui ne fonctionnait qu’à partir de bidouilles et ressemblait dans le meilleur des cas à un grincement continu de moissonneuse-batteuse enrayée au milieu d’un champ de mines nord-coréennes. C’est volontairement dépouillé, abrasif, intenable et répétitif – en somme que du bon lorsqu’on est à la recherche du disque adéquat pour faire sa sieste d’après-midi sur son tapis à clous favori.
Le cauchemar est d’autant plus efficace si on écoute Demiurge à fond, en faisant trembler les murs et les plafonds, tandis que de l’autre côté le reste de la famille reste cloitré dans la salle de bain, terrorisé, à l’agonie et avec une formidable envie de vomir ses tripes. Mais cela s’arrête là. Demiurge n’est qu’un bon disque défouloir, dont ce sens que l’expérimentation ne dépasse pas le précepte de « faisons du bruit » ou « faisons chier les gens avec nos fréquences basses expiatoires » (un peu comme le gros Tad le faisait pour le rock’n’roll, mais ici sans guitare et sans le gras qui va avec). Les procédés sont ainsi toujours les mêmes, à la punk pourrait on dire et – au delà de toute absence de convergences musicales, Emptyset ne serait pas sans rapport avec un quelconque groupe de hard core en short ou de noise rétrograde. On attend la prochaine mutation du groupe avec un réel intérêt, se demandant ce qu’il va bien pouvoir nous trouver cette fois, mais on commence à s’impatienter du jour où Emptyset mettra un peu plus de cœur à nous faire croire qu’il possède un tant soit peu d’originalité ou du moins de pertinence. D’ici là accordons donc au groupe le bénéfice du doute…