vendredi 29 juillet 2011

Great Falls - Pastor Tonal / split




Au milieu de l’avalanche de parutions du label Dead Accents – le micro label de Demian Johnson, au passage c’est lui qui en assure tous les visuels –, en voici une qui mérite d’attirer toute notre attention : un split CD partagé entre Great Falls et Pastor Tonal. Great Falls, on connait déjà, il s’agit du duo composé de Shane Mehling (basse) et de Demian Johnston (guitare), tous deux vétérans de Playing Enemy. Sur les quatre titres de ce disque ils sont en outre accompagnés par Ryan McKenney, plus connu pour être le hurleur homologué – mais pas très original il faut bien l’avouer – des affreux Trap Them.
Quatre titres c’est peu mais bien suffisant pour découvrir le mélange improbable de hardcore et de boite à rythmes de Great Falls : le son est sale et épais, lo-fi et grésillant, précisément ce qu’il faut pour ne pas tomber dans la caricature post Godflesh pour les nuls, et ce que l’on retiendra le plus des quatre compositions ici présentes, c’est le côté plus vicieux que frontal et massif, plus asphyxiant que monolithique. Great Falls synthétise ainsi les racines hardcore (et metal) de Johnston et Melhing tout en les débauchant de manière assez inattendue : à ce titre les deux musiciens ont bien fait de faire appel à McKenney (qui est peut être un chanteur très efficace mais dénué de toute personnalité) car sa façon de chanter, aussi monocorde que monobloc, réussit surtout à mettre en avant les trouvailles et envies des deux autres – tournure particulièrement flagrante sur le pourtant très (trop ?) court Twitching How The Wheels Turn. On se retrouve ainsi avec un mix hardcore chaotique 90’s ralenti/Godflesh sous perfusion/Big Black en filigranes pas aussi abouti que sur le premier « album » de Great Falls (Fontanelle) mais qui déjà écrase tout le monde, surtout les éventuels concurrents.
Pastor Tonal
est l’autre groupe qui occupe ce split CD, avec deux titres d’une musique bidouillée et partiellement bruitiste qui en général défrise les mélomanes mais dont on ne peut nier le charme. Lapis Lazuli (pt.1) est surtout un montage de bandes passées à l’envers et à des vitesses de lecture judicieusement inappropriées – un peu comme les premiers travaux de Control Bleeding – alors que Lullabies For An Aching Heart est une longue plage à base de boucles (beaucoup de guitare) qui évite l’ennui grâce à un esprit ludique et je-m’en-foutiste qui manque à la plupart des musiciens beaucoup trop sérieux qui d’habitude expulsent ce type d’étrons sonores avec tout l’aplomb dont peut faire preuve un intellectuel tourmenté des boyaux de la tête. Une récréation joyeuse et réussie à base de n’importe quoi.