dimanche 30 octobre 2011

Alone With King Kong / The Hardest Step





C’est dimanche et on s’emmerde. Alors on remet dans la machine à musique le premier album d’Alone With King Kong pour bien vérifier que l’on ne s’était pas trop planté la première fois à l’écoute de Three Hats On One Head, le premier EP du jeune homme, déjà publié chez Chez Kito Kat. C’est que la pop – on l’a déjà dit maintes fois mais on aime bien le répéter, question de prestige à la con et de fausse réputation d’inoxydable – ce n’est pas du tout le truc de 666rpm et de son incontournable service Hygiène Et Ethique Musicale, mis à part une petite poignée de groupes essentiels tels que les Smiths (et oui…) et quelques vieilleries sixties américaines (Byrds, Electric Prunes) ou britanniques aux premiers rangs desquelles figurent les irremplaçables Kinks et bien sûr les Beatles.
Et c‘est une nouvelle fois précisément sous cet angle là – celui des Fab Four – que The Hardest Step a réussi à gagner ses galons par ici : No Place For Indians, sublime balade, composition d’une grande finesse, dotée d’arrangements précis et racés, possède assez de qualités pour être confronté au meilleur du meilleur – y compris au niveau de cette petite mélancolie indicible qui s’évapore subrepticement à chaque coin de phrase musicale. Bravo. Le reste de l’album s’affranchit pourtant presque totalement de l’influence liverpuldienne et s’épanouit dans une pop plus charpentée pleine de phrasé et sautillante, guillerette et parfois un peu trop précisément évidente. Il n’y a aucune trace de faiblesse chez Alone With King Kong mais il y a aussi un peu trop d’huile dans les rouages. Lorsque le songwriting est à la hauteur de la mise en forme on frise le double effet kiss cool – The Hardest Step, enregistré avec les copains de Twin Pricks, est l’autre hit intergalactique du disque – mais lorsqu’il n’arrive pas à prendre le pas sur la réalisation proprement dite, on sent quelques ficelles, certes bien placées.
Cela est sûrement du au fait que derrière Alone With King Kong il n’y a qu’un seul homme, méthodique et peut être même monomaniaque, qu’il joue de tous les instruments (voix, guitare, basse, claviers, batterie, trombone ou glockenspiel) et qu’il ne se fait aider que par une section de cuivres (tuba, cor, trompette), d’un batteur, d’une harpiste d’une violoniste et d’une violoncelliste. Quoi qu’il en soit The Hardest Step finit toujours par vous avoir par surprise, sur les deux compositions déjà mentionnées mais aussi sur les excellents Fucked Up – je n’ai jamais pu résister à des handclaps bien placés – et All We Deserve (Is To Die). Le reste peut être d’une efficacité redoutable (Down In The Basement Again) ou précisément intimisme (Two Hearts, One Ribcage).