samedi 22 octobre 2011

Grrrnd Zero toujours sur la corde raide...



[l’image est extraite du film Playtime de Jacques Tati]

Je reprends ici tel quel le texte de la news letter que le collectif de Grrrnd Zero a envoyé à ses abonnés le 18 octobre dernier. On y apprend une « bonne » nouvelle mais on y décèle aussi une amertume que je ne peux que partager.

En allant un peu plus loin dans la réflexion, on peut se demander à quoi cela sert concrètement de procéder à des réparations/aménagements dans un bâtiment sachant que Grrrnd Zero ne pourra pas y rester éternellement, devra quand même quitter les lieux fin 2012 et que les pouvoirs publics et responsables politiques ne proposent aucune solution de relogement pour après. Est-ce ce que l’on appelle une rustine en attendant que l’orage – et les élections municipales – passent ? J’en ai bien peur…

[…]

L'autre jour en allant poser un chèque de 87,81 euros pour 10h de manutention (soirée avec DJs au transbordeur...), je me disais que la musique de jeunes dans son ensemble pouvait se résumer à peu de choses : Avoir les moyens/se donner les moyens. Le reste c'est du travail. Ou du relationnel. Surtout ne jamais perdre de vue que beaucoup des gens en dehors de notre bulle n'en ont mais alors rien à secouer de nos préoccupations ; après une semaine de taf de merde, tout ce qu'ils recherchent c'est sortir entre potes pour « boire un verre » le week-end dans un lieu où on peut danser. C'est triste mais c'est comme ça. Le divertissement aide à supporter un quotidien bien glauque.

Reste une question : Que faire dans une ville comme Lyon quand on n'aime pas danser ?

Si on considère les DJs type Guetta comme des escrocs qui volent le travail d'honnêtes musiciens chômeurs ? Et surtout si on n’a pas un budget à rallonge pour la picole, voire qu'on s'en tape de la picole ? Vaste sujet plein de raccourcis faciles pour n'importe quel politicien à la veille des élections. A l'heure du bilan, on pourra toujours se demander s'il faut encore s'attendre à quelque chose comme de la reconnaissance de la part d'un maire socialiste. Nous n'avons pas la même idée du prestige.

Ce qui est beau dans le projet GZ c'est de pouvoir rassembler Coche Bomba et Fat 32 dans le même bâtiment. Un truc incontournable parce qu'improbable, qui dépasse la musique de jeunes. Reste le problème de l'espace. Même finalité toute discipline confondue : Au moins pouvoir continuer. Une chose est sûre, les gens ici sont quand même plus unis qu'au PS, dans ce vieux bâtiment pas si miteux que ça (« y'a pire » aux dires des agents techniques du Gros Lyon). Il n'y a que dans les boîtes à répèt qu'on trouve autant de diversité, à 200 euros par mois le local de 12m² tout de même. Même un assureur vous le dira : au delà des problématiques de responsabilité pénale, la musique de jeunes c'est aussi se battre pour des valeurs. Au nom des autres. Comme toujours dans le spectacle, les plus instruits sont là pour représenter. Les autres font bien comme ils peuvent. Mais surtout aujourd'hui, et ce malgré de profonds désaccords esthétiques entre les partisans du barré-3 accords et les défenseurs de la dodécaphonie atonale, tout le monde est concerné.

Et pas question de trier pour embarquer dans un futur bâtiment, d'abord sur quels critères ? En opposant les projets « en voie de professionnalisation » à ceux qui resteront des « amateurs » ?
Ce serait ça la culture à Lyon? Faire de la musique comme un loisir après le boulot ou postuler pour la couverture de Zyva ?

L'information importante, c'est qu'aujourd'hui le Gros Lyon nous accorde un sursis de quelque mois et quelques pansements que nous n'avons pas pu assumer ces 5 dernières années. Quelques travaux pour être un peu plus en sécurité. Le bâtiment va durer encore un peu, peut-être jusqu'à fin 2012 pour les divers locaux de travail ou répètes. Sauf qu'on s'en va après, et qu'aucun relogement n'est prévu pour la suite. Du moins rien qui corresponde à ce type d'activité dans son ensemble. Rien nulle part. Comme s'il ne restait aucun bâtiment pour ça. C'est tout ce qu'on peut attendre d'une municipalité socialiste dans une ville de droite ? Alors faut croire que toutes les ruines sont déjà vendues depuis longtemps. Ou pas. On verra. Ca nous laisse au moins un peu de temps et de confort pour préparer la suite.