jeudi 10 novembre 2011

Hail! Hornet / Disperse The Curse






A quoi peut-on reconnaitre un faux metalleux d’un vrai ? Trop facile : le faux metalleux adore Disperse The Curse, le deuxième album de Hail! Hornet, alors que le vrai – le « true » en bon français – considère ce même album comme une bouse incommensurable. La vérité se situe-t-elle quelque part entre ces deux positions extrêmes ? Absolument pas : je suis sûrement un faux metalleux et Disperse The Curse est l’un de mes disques de chevet actuels dans le genre. 
Disperse The Curse a donc été publié cette année par Relapse, soit quatre ans après un premier album sans titre chez Dwell Records. Hail! Hornet est la réunion de T-Roy Medlin au chant (Sourvein), Vince Burke à la guitare (il est le principal compositeur du groupe et a procédé à l’enregistrement de Disperse The Curse dans son propre studio), Dixie Collins à la basse (Buzzov-en, Weedeater et Bongzilla) et Erik Larson  à la batterie (Alabama Thunderpussy). Un sacré line-up, un « super groupe » dira-t-on même et une bonne odeur de southern disconfort. C’est là que les avis divergent. Certains pensent que Disperse The Curse est tout simplement indigne des musiciens qui composent le groupe, que le son est trop commercial, les compositions banales… Les autres, au contraire, se réjouissent que des gens tels que Collins et Medlin redorent leur blason après les albums très décevants de leurs groupes respectifs – Jason… The Dragon pour Weedeater qui de toute façon n’a jamais été un groupe génial sur disque et Black Fangs pour Sourvein, plus paresseux que jamais.
Le premier album de Hail! Hornet avait certes d’énormes qualités mais il est toujours un peu pénible – dès que l’on parle de sludge/doom/hard core sudiste – de voir tout le temps tout être ramené à Take As Needed For Pain de EyeHateGod ou To A Frown de Buzzov-en. On ne prétend pas ici et maintenant que Disperse The Curse et Hail! Hornet sont à la hauteur de ces illustres exemples mais on considère ce disque comme un sacré souffle d’air frais dont le moindre des mérites n’est pas de dépoussiérer le rayon metal crado pour drogués hirsutes et amateurs de chasse à la chevrotine. Ce qui plait plus particulièrement c’est le côté thrashy de certains riffs, joués presque naïvement c’est vrai mais c’est aussi ce qui fait leur charme. La double pédale est très souvent utilisée sur Disperse The Curse or jamais on s’en lasse, pas plus qu’on se retrouve agacé par elle – voilà enfin un batteur qui utilise cette artifice éculé à bon escient. La basse est impeccable quoi que trop souvent en retrait et, pour finir, T-Roy, l’un des meilleurs hurleurs du genre il faut bien le dire, est en très grande forme lui aussi et il délivre quelques vokills du meilleur effet.
On l’aura compris, le principal atout de Disperse The Curse reste son immédiateté et son efficacité basique mais franche. Pas de dégueulis décoratifs ni de rage haineuse de bon aloi. Conclusion, s’il y a du « true » quelque part en Caroline du Nord en ce moment c’est bien du côté de Hail! Hornet qu’il faut aller le chercher. Et comme pour remettre les pendules à l’heure, après une domination certaine des tempos rapides, Blacked Out In Broad Delight réactive de plus belle le sludge poisseux et glauque d’une façon qui réjouira forcément les tenants du conformisme de la violence et de la tristesse académique. Comme ça tout le monde est content.