dimanche 19 février 2012

The Jesus Lizard / Club





Chroniquer en même temps un DVD et un double LP, oui c’est possible. Club documente le retour sur scène en 2009 et pour une cinquantaine de dates – y compris sur le vieux continent européen – de Jesus Lizard. Le meilleur groupe du monde pour certains, l’un des meilleurs souvenirs de concert pour tous les autres (dont moi). Limitée dans le temps, cette reformation de Jesus Lizard sous son line-up originel – David Yow à la voix, Duane Denison à la guitare, David Wm Sims à la basse et Mac McNeilly à la batterie – avait permis au groupe d’enfoncer le clou puisque en même temps Touch And Go se lançait dans de copieuses rééditions de tous les LPs et de tous les singles ou EPs de Jesus Lizard en version « remasterisée » par Steve Albini. Efficacité de la démarche, marketing de la nostalgie sans trop avoir l’air d’y toucher et Fonds de Pension de Retraite renfloués pour une nouvelle décennie de chaos et de sueur.
La « petite » différence entre cette reformation là et presque toutes les autres c’est que Jesus Lizard n’a rien eu de ridicule. Celles et ceux qui ont assisté aux concerts de 2009 s’en souviennent très bien et sans doute pour encore un paquet d’années à venir – y compris toutes celles et tous ceux qui avaient déjà vu le groupe à la bonne époque. Ensuite, et si tant est que l’on ait encore quelques doutes, ce Club est là pour nous prouver que Jesus Lizard a été à la hauteur de son statut. Un double LP publié par Chunklet et réputé limité à 1000 exemplaires avec un disque tout rouge et un autre tout transparent emballés dans une pochette gatefold. La joie des collectionneurs de belles choses. Les autres se rabattrons sur la version DVD (qui de toute façon inclut tout l’album en mp3) et regarderont les quatre de Chicago se secouer le gras-gras et la calvitie grisonnante au son d’une merveilleuse et sans égal collection de tubes universels. Oui… que des tubes : regroupés sur un double LP ou un DVD, le constat est encore plus flagrant et indiscutable, le constat que Jesus Lizard n’avait pas son pareil pour torcher de la punk song indémodable – seuls les inatteignables Fugazi peuvent battre Jesus Lizard sur le terrain de l’excellence tubesque à chaque coup.
Evidemment on reconnaitra que certaines versions présentes sur Club ne sont pas tout à fait au top du top – mais c’est toujours David Wm Sims qui s’en sort le mieux –, que le son peut laisser à désirer ça et là ou que Duane Denison fout en l’air Then Comes Dudley  mais à bien y réfléchir on avait eu le même sentiment en 1996 or à l’époque on en avait rien eu à foutre, plongés qu’on était jusqu’au coup dans la folie de Jesus Lizard en concert et en plein délire. Cette folie c’est précisément ce que retranscrit parfaitement Club et c’est le plus important. Ça et de se rassurer au sujet de David Yow qui est peut être le pire des chanteurs du monde mais aussi l’un des tout meilleurs : il faut l’entendre et le voir chanter dans toutes les positions possibles et imaginables, comme un dégénéré instable tout comme un prince impérial. Maintenant on souhaite simplement que les Jesus Lizard ne remettent pas ça tous les dix ans. Qu’ils crèvent une bonne fois pour toutes.