jeudi 16 février 2012

Judas Donneger / self titled





Dans Judas Donneger on retrouve Pavel (ex Death To Pigs, ex Hallux Valgus mais fort heureusement toujours dans La Race) ainsi qu’un ancien membre des Suce Pendus (en l’occurrence le guitariste). Un duo donc avec de la guitare qui vrille et qui écharpe, du synthé qui refroidit et assure la dialyse, une boite à rythmes programmée comme un lave-vaisselle rouillé constamment en mode rinçage et du chant. Du chant et des textes devrait-on même dire car on les entend beaucoup ces textes (en français) et que surtout on les écoute. Des histoires absolument dégueulasses et réjouissantes – juste pour le plaisir et pour se faire une toute petite idée de la chose je m’arrêterai à citer quelques uns des titres de Judas Donneger : Grand Concours Du Maximum Baise, Pornographie & Coca-Cola, Super Docile et J’Aime Ces Filles Froides – pour des histoires de viande froide plus ou moins vivante, plus ou moins morte, plus ou moins décomposée mais fourrée de glaires sanguinolentes, de trainées de sperme et de subutex écrasé.
Tout ça rappelle les groupes qui au siècle dernier nous abreuvaient de vomi, de sang, de foutre et d’ordures au travers de textes en français et hurlés avec une conviction qui faisait terriblement peur au petit garçon que j’étais alors, des groupes tels que RWA (avec Caroline Sury) ou La Méchoire (avec Paquito Bolino) et même Glu (groupe bordelais qui est lui toujours en activité). Mais les comparaisons s’arrêteront là parce que musicalement Judas Donneger ne met pas réellement la saturation des guitares et les rythmiques pilonnées en avant mais flirte avec une sorte de minimalisme synthétique voire cold wave qui rappelle des groupes ridicules tels que Guerre Froide tout en poussant l’absurdité désincarnée encore plus loin, jusqu’à un paroxysme de saleté et de merde.
On patauge dans les années 80 mais des années 80 qui n’auraient pas encore viré dans le clinquant fluorescent et la teuf de branleurs bovidés (un peu dans le même genre on ne peut que vous conseiller l’écoute d’Überschleiss, un LP publié par Scorpion Violente chez Avant!) pour se repaitre sans aucune complaisance – la gangrène des pitoyables survivants de l’année 1981 – d’une boue humaine juste ce qu’il faut de faut de glacée et de glauque. On ne peut pas vraiment parler de revivalisme et de nostalgie parce que les deux Judas Donneger ont pompé uniquement ce qui les intéressaient dans les années 80 pour le mettre à leur sauce, la sauce de certains groupes œuvrant ou ayant œuvré pour La Triple Alliance de l’Est ou basés du côté de la baie de Somme – Nancy/Metz – Amiens : l’axe du Mal. D’ailleurs ce CDr de cinq titres est sorti chez Label Brique (le label d’Headwar). Pour contacter Judas Donneger : judasdonneger[arobase]gmail[point]com. Pour écouter ce disque avant de l’acheter : bandcamp.