mardi 21 février 2012

Report : Verdun, Morse et Quartier Rouge aux Capucins - 18/02/2012





Alors, alors, voyons voir…  que faire en ce joyeux* samedi soir ? Allez à un concert avec à l’affiche les affreux Catholic Spray se secouant la hype pseudo garage sur des cohortes de fans transis d’amour et béats d’admiration ? Jamais de la vie. Plutôt crever, même. Surtout que le même soir les Capucins accueillent dans leur cave un autre concert, estampillé lui 100 % défouraillage, 100 %  fureur et chaos et 100 % brutal**. Une affiche regroupant Verdun et Morse (deux groupes de Montpellier) ainsi que Quartier Rouge (de Paris) – maintenant je regrette que les toulousains de Pal n’aient pas également fait partie du programme comme initialement prévu, l’écoute de leur album And Out Your Mouth (sur Rat Romance et Prototype records) s’étant révélée particulièrement excitante***.
Une quarantaine de personnes se sont donc entassées dans la cave des Capucins et je m’amuse du contraste par rapport au concert de la veille avec les excellents One Lick Less, un concert peuplé de gens qui s’habillent bien pour sortir de chez eux. Là ça sent plutôt le métalleux, le cheveu gras et la bière tiède. On ne peut alors que se dire que c’est parti pour une bonne soirée.




Les Verdun jouent en premier et ils ont un (presque) nouveau guitariste parce que l’ancien s’est fait la malle il y a deux mois : le remplaçant n’est autre que celui qui a concocté ce gros son de bâtard qui illumine The Cosmic Escape Of General Masuka, le long EP que Verdun a récemment publié chez Head records. Le disque en question est vraiment bon aussi j’en attends beaucoup du groupe.
Après un titre d’intro pour faire chauffer et tourner la machine, les choses sérieuses commencent enfin avec Last Man Standing, mon titre préféré du EP et je crois bien que cela aurait pu suffire à mon petit bonheur égoïste. En concert le côté Electric Wizard de Verdun ressort encore plus, pas le Electric Wizard un peu mou, lorsqu’il est trop contaminé par la weed et les gang bangs satanistes sur internet, mais plutôt un groupe à la fois lourd et spatial, impétueux et imparable. Le chanteur de Verdun – un petit tatoué qui ne fait pas rire dès qu’il ouvre la bouche – est particulièrement impressionnant et son chant est encore plus varié et maîtrisé que ce que j’aurais supposé.
Malheureusement, le mur du son de Verdun se heurte violemment à celui de la proverbiale froideur lyonnaise, cet espèce d’attentisme poli qui refroidirait même le plus volontaire des groupes – quelqu’un dans l’assistance, un immigré d’origine montpelliéraine justement mais installé à Lyon depuis de nombreuses années, tente une explication à voix haute et avec un brin d’humour, ce qui détend un peu l’atmosphère mais pas jusqu’au point de rendre complètement justice au doom de Verdun.




Morse joue en second. Le groupe pratique un hardcore chaotique typique du début des années 90 et super bien foutu, il ne manque absolument rien et surtout pas une hargne généralisée et vraiment méchante. Surtout Morse est doté d’un chanteur qui ne fait absolument pas semblant et passe son temps à foncer dans le public pour aller le chercher et le faire bouger. Une bonne méthode.
C’est apparemment exactement ce qu'il fallait faire pour réveiller un peu le public lyonnais, la provocation – provocation bon esprit s’entend – fonctionne rapidement à plein et, miracle parmi les miracles, ça finit par bien bouger parmi les gens venus assister au concert. Le pit chauffe, la cave monte en température, de la transpiration animale commence à couler et de la buée se colle sur les pierres de la voute et les objectifs des appareils photo. Morse fait peut être preuve de pas énormément d’originalité mais côté conviction et efficacité communicative c’est du tout bon. En plus le guitariste a vraiment un son qui fait mal et la rythmique assure aux taquets. 




En dernier ce sont donc les parisiens de Quartier Rouge qui s’y collent. Malgré des problèmes techniques et du retard à l’allumage, le tout premier concert de Quartier Rouge auquel j’avais assisté (exactement au même endroit il y a un an) avait été une bonne surprise. Je retrouve donc les mêmes gugusses sauf que je ne reconnais pas le joueur de Moog qui maintenant porte les cheveux courts.
Une certaine nervosité pour ne pas dire une certaine tension est pourtant palpable entre les membres du groupe, ils se parlent entre eux un peu comme des chiens et quelque chose me dit qu’ils ne font pas semblant. Une fois le groupe installé, il y a comme un moment de flottement, le chanteur semble regarder dans le vide puis toise ses petits camarades de jeu… lorsque Quartier Rouge commence à jouer le groupe est déjà en équilibre dangereux sur les lignes de crête. Sans pitié ni aucune retenue.
De l’avis de certaines personnes qui ont déjà vu le groupe au moins une dizaine de fois en concert, il s’agissait ce soir là de l’une des meilleures prestations que Quartier Rouge ait jamais données – après le concert notre joueur de Moog a confirmé cette vision des choses. Et effectivement, pour moi qui ne les voyais que pour la seconde fois, donc théoriquement sans trop d'effet de surprise, le concert a été énorme. Bien barré, bien fou et malgré tout (et finalement surtout) extrêmement bien maîtrisé. Avec un batteur et un guitariste comme ça on comprend pourquoi. De leur côté, l’ex-chevelu au Moog qui finira le concert complètement à poil et le chanteur, très crooner punk as fuck, sont les éléments perturbateurs et instables du groupe. Maintenant j’ai hâte d’entendre un jour un enregistrement de Quartier Rouge avec ce line-up précisément – parce que sur l’album il n’y a pas de Moog mais une basse à la place – et surtout j’ai hâte de revoir ces mecs faire tout leur cirque en concert.

* et oui, « joyeux »… je ne sais pas si c’est parce que ce week-end était le premier après la période de grand froid de la fin janvier/début février mais apparemment tous les blaireaux de la région s’étaient donnés rendez-vous en centre ville pour faire étalage de leur stupidité et de leur beaufitude – saturday night fever
** un concert organisé par la paire de Burne, merci à eux
*** une chronique, à venir, bientôt, ici même