jeudi 15 mars 2012

The Men / Open Your Heart




C’est officiel, le gros skinhead bassiste qui faisait tout le sale boulot au sein de The Men a bien quitté le groupe. Son remplaçant n’est autre que Ben Greenberg de Pygmy Shrews et de Zs, également producteur de The Men comme des trois quarts des formations actuelles de Brooklyn/New-York City, mais il n’avait pu accompagner le groupe lors de sa dernière tournée européenne en date : c’est justement sa collègue bassiste de Pygmy Shrews qui avait joué les intérimaires, comme elle avait pu, c'est-à-dire pas vraiment beaucoup.
The Men vient donc de publier Open Your Heart, son quatrième album depuis 2009 et le deuxième pour le très surexposé label Sacred Bones records. Il ne va pas être question de descendre se montrer circonspect à l’égard de The Men parce que le groupe a désormais acquis un semblant de reconnaissance hypeuse auprès des milieux autorisés : on avait déjà été déçus par son prédécesseur Leave Home, un disque qui ressemblait à rien à force de vouloir ressembler à trop de choses, une sorte de kouglof surgonflé par le vide abyssal laissé par les prétentions d’un groupe aussi punk qu’un sextoy GI Joe. Non, on va dire du mal – et peut être aussi un peu de bien, pourquoi pas et soyons fous – de Open Your Heart parce qu’une nouvelle fois The Men a prouvé avec éclat et aveuglement qu’il n’est qu’un mauvais groupe sans vraiment de caractère ni d’identité (y compris une identité d’emprunt piquée à quelques prédécesseurs, comme pour 99.9 % des groupes actuels).
Après tout, j’aurais honnêtement du arrêter d’écouter Open Your Heart après Turn It around, titre de punk rock seventies aussi ringard que stupide – imaginez quelque chose entre L.A.M.F. des Heartbreakers et Raw Power des Stooges ou l’unique album sans titre des Modern Lovers, le tout en version énervée. Oui on aime ces références légèrement surannées – quoique Raw Power, malgré son caractère très influant à posteriori, soit l’album le moins intéressant des Stooges – mais on ne comprend pas l’intérêt de les transformer en cette sorte de punk de soirée, oh oui que je m’encanaille et que j’aime ça, tu as vu mon nouveau t-shirt déchiré ? Un  aspect positif cependant : l’enregistrement studio permet aux deux chanteurs de The Men de donner l’illusion qu’ils savent chanter. Par contre on se serait bien passés de ces guitares qui partent trop souvent en solo et tout simplement horripilantes.
Animal, Please Don’t Go Away, Open Your Heart, Cube : les titres à la pounque se suivent et se ressemblent. Pourtant Open Your Heart est presque tout aussi varié que Leave Home : la cassure intervient dès le troisième titre grâce au shoegaze bouseux et instrumental de Country Song, plus loin on trouve une pop song définitivement consternante (la bien nommée Candy), du shoegaze anglais comme au début des 90’s (Presence) et éventuellement avec Ex-Dreams une vague pochade à la Sonic Youth (quand Sonic Youth faisait encore de la vrai musique et pas de la pop d’artistes). En résumé Open Your Heart c’est un peu le même que Leave Home mais dans le désordre et surtout en encore moins bien. Une incitation de plus à voler la musique en la téléchargeant* : éradiquons tous les pseudos rockeurs du dimanche de la planète, qu’ils reprennent leurs chères études ou qu’ils se trouvent un vrai job mais qu’ils arrêtent de nous emmerder avec leurs poussées d’acné à retardement.

* chose que bien sûr on ne fera pas parce que télécharger illégalement de la musique c’est du vol et c’est mal