jeudi 5 avril 2012

Report : 202project et Winter Family au Sonic - 01/04/2012




1er avril 2012 : le Sonic fête son sixième anniversaire. Et c’est la merde. On rappellera que la soirée du 30 mars a été purement et simplement annulée parce que le Sonic s’est vu retirer son autorisation de fermeture tardive de 3 heures du matin. A propos de cette autorisation, une sorte de contre visite technique devait avoir lieu le matin de ce même 30 mars : les experts ne sont tout bonnement pas venus au rendez-vous.
Le lendemain, samedi 31 mars, le groupe de tête d’affiche – This Will Destroy You – a annulé son concert du soir à 17 heures seulement, prétextant des problèmes de passeports et de visas. Les fans du groupe venus eux en masse et souvent de très loin ne sont pas restés pour assister au concert de Daniel Menche programmé en première partie. La soirée était pliée à 23 heures.
Et donc voilà, nous sommes le 1er avril (ha ha ha), je débarque sur la péniche, on me raconte tout ce tas de conneries auxquelles je n’ose croire. Mais tout est vrai. Heureusement un gâteau tartiné de chocolat gluant à la noisette a été préparé par le homeboy du Sonic, toujours très attentionné, et je me gave à la santé de la salle de concerts et de ses occupants. La soirée promet d’être magnifique mais je me tais, pour l’instant je préfère garder mon enthousiasme de fan transi pour moi.



La première partie est assurée par 202project. Une fois l’heure dite, notre homme monte sans aucune hésitation sur scène et allume son ampli guitare à la limite du microscopique – si vous trouvez qu’il ressemble à un jouet, vous n’avez pas tout à fait tort, ses concepteurs l’on nommé Lunchbox. Or le son qui en sort vrille tout simplement les oreilles, crade, sale, grésillant, garage.
Les rythmiques sont lancées à l’aide d’un ordinateur et le concert de 202project va se résumer à ça : un grand escogriffe à l’air goguenard, tout seul sur scène, interprétant des chansons qui revisitent à la fois New Order (dans l’insistance cyclique des rythmes programmés), Spacemen 3 ou les Sonics et je trouve le concert très joyeux, sûrement à cause des blagues de l’escogriffe en question qui assure l’ambiance avec un décalage complet – « salut ! tout le monde va bien ? c’est cool ? je vais maintenant jouer un nouveau morceau ».
Personne ne répond ou presque parce qu’il n’y a pas encore grand monde d’arrivé au Sonic mais 202project a l’air de s’en foutre complètement, jouant avec un plaisir évident. Des nouveaux titres il y en aura donc quelques uns, un nouvel album de 202project est d’ailleurs annoncé pour le mois de juin prochain (en vinyle uniquement, avec une belle pochette sérigraphiée et tout le tralalala).




Les disques de Winter Family – un double album sans titre en 2007 puis Red Sugar en 2011 – je les écoute rarement mais lorsque je décide d’en poser un sur la platine, je ne fais que ça. J’écoute. Toujours. De plus en plus fort et de plus en plus loin. J’avais également ce souvenir aussi beau qu’intense d’un concert de Winter Family donné au même endroit à l’automne 2009. Je sais très bien qu’il faut se méfier de ses propres souvenirs, surtout en matière de musique, parce que les sentiments qu’ils génèrent sont avant tout narcissiques et vous renvoient soit dans une sorte de confort nostalgique soit dans la tiédeur mélancolique (une mélancolie tiède ? oui, aussi).
Pourtant rien n’a changé ou presque. Je regrette fugitivement l’absence du glockenspiel mais pour le reste tout me revient en mémoire à l’identique, comme des éclairs de lumière vive. Lesquels laissent rapidement la place à une émotion renouvelée, à la fois intacte et irrésistible. Un concert de Winter Family est curieusement aussi intense que mesuré. Mais je ne pense absolument pas que cela soit calculé. Bien au contraire. L’interprétation est instinctive et forte car venant directement du cœur.



Il n’y a vraiment aucun doute à avoir là-dessus, aussi bien en ce qui concerne Ruth Rosenthal (voix et percussions) que Xavier Klaine (tout le reste c'est-à-dire harmonium, orgue et platine cassettes) : les deux musiciens vivent la musique de Winter Family et – le temps d’un concert – vivent pour la partager. En particulier on ne dira jamais assez comme cette petite bonne femme qu’est Ruth Rosenthal devient immense dès qu’elle ouvre la bouche et fait entendre le son de sa voix. Immense mais tellement humble.
Et la générosité de Winter Family ne peut pas se mesurer tant elle relève du don sans condition. Le fracas des émotions, parfois contradictoires, rivalise alors avec la beauté de la musique et les deux s’enlacent en un maelstrom sensoriel captivant mais aussi insoutenable qu’un regard insondable. Merci.