mercredi 27 juin 2012

Report : Witxes, Agathe Max et Duane Pitre au Sonic - 23/06/2012





C’est la dernière de la saison. Le Sonic va bientôt fermer ses portes et – si tout ce passe bien – va procéder à un grand nettoyage, va effectuer les travaux que les commissions de sécurité lui imposent désormais pour continuer à accueillir du public et va se refaire une beauté à défaut d’une nouvelle jeunesse. « Si tout ce passe bien » cela signifie que pour l’équipe du Sonic il s’agit de jongler avec le propriétaire des lieux, les élus locaux et les bAAAnques, un exercice ardu et un équilibre difficile à obtenir.
Plus que jamais ici on pense à eux car tant que le Sonic programmera des affiches comme celle de ce samedi 23 juin et bien on soutiendra le lieu qui reste une alternative raisonnable et absolument pas honteuse entre la culture marchande des grandes salles commerciales et la programmation des organisations DIY (activité bien mise à mal depuis la disparition – momentanée ? – de Grrrnd Zero). Moins rock’n’roll que le Clacon à Oullins et moins événementiel que l’Epicerie Moderne de Feyzin (en ce sens que la jauge de l’Epicerie permet elle d’accueillir des groupes tels que les Swans, Shellac, Unsane, Low ou A Place To Bury Strangers), le créneau du Sonic c’est plus que jamais la musique dite expérimentale et notamment tout ce courant américain néo minimaliste. La programmation de Duane Pitre, musicien et compositeur publiant sur Important records mais jouissant encore d’une faible réputation, s’inscrit parfaitement dans cette logique.




Witxes jouait en première partie. Derrière ce nom se cache un jeune homme moustachu – signe évident de bon goût – que l’on peut croiser à l’occasion si on fréquente les lieux de concerts lyonnais. Un an voire même plus s’est écoulé depuis la dernière fois que j’ai pu voir Witxes en concert et j’avouerai que je n’ai jamais été trop emballé par la musique de ce garçon. Celui-ci utilise le matériel que l’on retrouve chez la plupart des one man band c'est-à-dire un laptop, un synthé, des pédales et une guitare – Witxes ne chante pas.
Tout d’abord la première partie du set m’a laissé perplexe : de l’ambient/drone bien foutu bien que fort peu original si ce n’est un recours à des samples de saxophone sonnant terriblement 80’s – alors que nom d’un bordel, il y a quand-même des choses beaucoup plus intéressantes à pomper de cette décennie maudite qu’un son de sax que l’on dirait tout droit sorti de la BO de Miami Vice ou du Let’s Dance de Bowie – samples auxquels il faut rajouter des sons de synthétiseurs peu agréables à mes oreilles. Je me voyais presque tourner les talons et prendre la direction du bar.
Or la deuxième partie du set de Witxes a été autrement plus intéressante, basée sur les grondements d’une guitare et s’ouvrant sur des territoires ne pouvant que plaire davantage à un vieux ronchon à moitié sourd comme moi. Voilà, dès que ça commence à faire du bruit et à trembler le long de ce qui me reste de moelle épinière et bien cela me convient aussitôt. N’empêche que l’on ne m’enlèvera pas de la tête que Witxes est plus doué pour sculpter de la masse sonore en fusion que pour frisouiller sur des patterns faussement délicats. On reparlera bientôt de Sorcery/Geogarphy, l’album que Witxes a très récemment publié.




S’il y a quelqu’un dont on attend avec de plus en plus d’impatience le prochain album, c’est bien Agathe Max. Cela fait plus d’un an et demi maintenant que la jeune femme joue des nouvelles compositions en concert et il paraitrait qu’elle enregistre en ce moment en studio… Ces nouvelles compositions que j’ai enfin pu réentendre ce soir n’ont fait qu’attiser à nouveau ma curiosité et augmenter mon impatience, reléguant le pourtant excellent This Silver String (publié en 2008) au rang de presque vieux souvenir.
La première chose étonnante c’est de voir Agathe Max jouer devant un écran qui diffuse des photos et quelques vidéos. Un artifice un peu facile mais que l’on oublie totalement : des paysages anonymes et flous se succèdent et on finit par de plus les voir, mis à part ce film montrant un sous-marin (?) navigant à la surface de l’eau.
La deuxième chose étonnante c’est l’aspect résolument plus mélodique des titres interprétés. Des samples de piano ou des couches de cordes supplémentaires viennent se rajouter au violon d’Agathe Max et donnent à sa musique un aspect nettement plus contemporain/néo-classique. Le côté tellurique que l’on connaissait à la musicienne n’apparait que beaucoup plus rarement mais il est utilisé à bon escient. Par contre ce qui ne change pas c’est l’incroyable dextérité de la violoniste, on la regarde jouer comme si on assistait à un prodige or cela n’empêche pas de se laisser également porter par des compositions incroyables de naturel et de densité. L’intensité est bel et bien présente mais elle est désormais au service d’une finesse toujours plus impressionnante alors oui, vivement l’album.




Ensuite Agathe Max a joué en duo avec Duane Pitre non sans expliquer que leur prestation était en hommage à une amie commune disparue et qui leur avaient permis il y a quelques années de faire tous les deux connaissance. Malgré l’émotion suscitée par les quelques mots prononcés par Agathe Max il faut bien reconnaitre que cette prestation – elle comme toujours au violon et lui à la guitare – a été assez anecdotique mais heureusement très courte. Bon, il n’y a aucun mal à vouloir se faire plaisir et les intentions étaient on ne peut plus bonnes…




Duane Pitre s’est ensuite installé derrière son laptop et autres bidouilles à son. On reparlera sûrement une autre fois de son très intrigant album Feel Free publié cette année chez Important records. Il est clair qu’un concert de Duane Pitre est un concert de diffusion et rien d’autre – d’ailleurs pourquoi prendre un air aussi pénétré lorsqu’on ne fait qu’appuyer sur des boutons ? – et que la seule façon de l’apprécier est de fermer les yeux et de se laisser aller.
OK, le volume sonore était là, OK les subtilités éclataient avec plus de force, OK les allez-et-retours en pingpong entre les sonorités étaient envoutants, OK l’émotion était palpable, OK j’avais sûrement l’air d’un hippie électrique ainsi assis par terre. Mais j’assume.