lundi 8 octobre 2012

Divorce / self titled





Dans un premier temps, ne nous laissons pas trop impressionner par les effets d’annonces et les diverses prophéties qui donnent DIVORCE à la première place du grand concours annuel de la plus grosse découverte en matière de noise rock – un concours qui en fait n’intéresse que peu de monde. C’est que les groupes porteurs de déflagrations hystériques et de tellurisme incendiaire ce n’est pas ce qui manque non plus. Alors, qu’est ce qui différencie Divorce des autres groupes ? Un line au trois-quarts féminin, à moitié binoclard et au quart barbu ? Que le groupe soit originaire de Glasgow en Ecosse ?
NON. Ce qui différencie largement DIVORCE – et dîtes-vous bien que les augures et autres agités du bulbe avaient totalement raison sur ce coup là – c’est tout simplement la qualité supérieure de son premier album sans titre. Neuf torpilles/bombes incendiaires brûlantes et à vif, jouissives et agitées, fielleuses et vicieuses, bruyantes et malsaines, chaotiques et bordéliques…
On avait pourtant bien senti le vent venir et nous apporter les effluves fétides et empoisonnées du noise rock sale et méchant de Divorce alors que l’on découvrait au compte-gouttes les divers singles, splits et formats courts que le groupe a publiés depuis ses débuts en 2008. Plus que des avertissements sans frais, des coups de semonces. Maintenant il faut bien se rendre à l’évidence que ce premier LP est meilleur encore, qu’il concentre une indiscutable survitalité carnassière avec un sens du bruit peu commun. Le groupe s’octroie au passage le droit de pomper un peu du côté de la musique bruitiste (tout le début de Cunts In A Circle) ou de piller l’héritage free (le proprement génial Stabby (Stabby) Stab et son saxophone terroriste sur la guest list) mais on ne saurait non plus affirmer que ces trois filles et ce garçon ne laissent rien au hasard… Au contraire la musique de Divorce fait d’autant plus mal qu’elle n’est pas exempte d’une désinvolture féroce et radicale à vous arracher des cris de douleur et des regrets éternels. De la vraie musique de délinquants qui en ont rien à foutre de tout. Qui veulent uniquement vous liquéfier les oreilles jusqu’à la cervelle et vous crever le ventre. Qui vous piétinent sans pitié et qui vous emmerdent. Leurs armes ? Une guitare qui sonne comme une scie circulaire, une basse comme une décharge de gros calibre, une batterie comme une cavalcade de panzers dans une plaine polonaise et un chant de goule extraterrestre sous speed et suprêmement furieuse.
Les apprentis haineux et les apôtres de la violence compressée – tous ces groupes de pseudo hardcore qui passent leur temps à se copier les uns les autres ou alors ces autres groupes estampillés « happy noise », comme si le noise rock pouvait être joyeux et festif – peuvent aller se rhabiller et se reconvertir fissa au post rock ou à la guimbarde celtique, il n’y a pas de place pour eux sur ce champ de mines antipersonnel constamment transformé en bain de boue et de sang : Divorce a signé l’album de l’année dans sa catégorie, tout simplement.

Ce premier album sans titre de Divorce est publié en vinyle uniquement par Nightschool records et à 1000 exemplaires : il y a 500 exemplaires violets et 500 exemplaires verts, la pochette est sérigraphiée et un coupon permettant le téléchargement au format mp3 de l’intégralité de l’album est également fourni.