mardi 13 novembre 2012

Report : Seb And The Rhââ Dicks, Danisco (For Beauty) et Vélooo aux Capucins - 08/11/2012





La quatorzième édition du Riddim Collision a démarré depuis quelques jours et c’est la désormais traditionnelle soirée Bar-Bars (plein de concerts organisés dans certains bars du centre-ville avec un pass ridiculement cheap pour naviguer de l’un à l’autre – ou pas). Evidemment il y a du Active Disorder derrière tout ça et malgré la pléthore de bons concerts se déroulant à Lyon en ce jeudi 8 novembre, par exemple l’éternel retour de The Ex à l’Epicerie Moderne ou la tournée d’adieu qui n’en finit pas de Blurt au Sonic, l’opération est un succès : tous les pass proposés en prévente ont trouvé acquéreurs, aucun groupe n’a eu de panne de parking autoroutier, il ne pleut pas, l’atmosphère est douce et on va tous pouvoir boire de la bière ou du jus d’orange à la santé de la prochaine et imminente apocalypse. Vivement qu’on en finisse.
Comme on ne fait pas toujours ce que l’on veut je rate allégrement le concert de Loup à Buffet Froid pourtant prévu à un horaire de petit vieux (20 heures) et qui en théorie me convenait parfaitement ; qu’importe, je choisis de plutôt poser mes fondamentaux au bar des Capucins parce que deux groupes du label A Tant Rêver DuRoi vont y jouer ce soir – en l’occurrence Danisco (For Beauty) et Vélooo.  




Evidemment ce n’est pas vraiment pour SEB & THE RHAA DICKS qui assure la première partie que je suis là, car le big band lyonnais à lui tout seul bien connu de la zob scene locale est malheureusement réduit à sa plus simple expression c'est-à-dire Seb Radix en personne, sa guitare, son synthé, son harmonica, ses deux pieds pour jouer de tout ça en même temps et ses blagues sur les hippies ; pas de formation en trio avec Fred Nodoff à la guitare et Pedro De La Hoya derrière la batterie, un trio qui a pourtant joué une semaine auparavant en première partie des Street Eaters mais je n’avais qu’à y être…
Cependant le bonhomme est très en forme et au milieu de sa collection de hits catchy/pounque/folk/lo-fi glisse quelques bon mots et s’adonne à un festival d’humour qui tord de rire la foule venue s’entasser dans la micro cave des Capucins. On rigole pendant les morceaux, on rigole entre les morceaux, on finit par en avoir mal au ventre, bref on passe un bon moment.




Les deux DANISCO (FOR BEAUTY) jouent en deuxième, juste le temps de virer Seb Radix qui raconte une dernière blague, de réinstaller leur matériel et de se mettre en tenue. C’est que ces garçons portent en concert des vrais vêtements de bouchers – le batteur enfile même un masque antiseptique – et jouent sous une lumière blafarde qui donne à la cave des capucins des airs de laboratoire clandestin pratiquant la vivisection animale pour assurer l’éventuelle survie de l’espèce humaine. Détail qui ne trompe pas, le bassiste comme le batteur de Danisco (For Beauty) arborent de magnifiques rouflaquettes, une preuve évidente de bon goût.
Et le duo d’envoyer du gros son. Une sorte de sludge mathématique et effréné – oui, je sais, ça a l’air contradictoire dit comme ça mais la vérité se lit dans le sang –, un beau bordel de bruit tout dans la puissance, tout dans le gras et avec au milieu de toute cette violence quelques éclats de générosité bestiale et carnassière. Le bassiste utilise une basse à cinq cordes (avec au moins autant de doigts pour les triturer) ce qui explique la richesse de son jeu multicartes.
Sur un dernier titre Danisco (For Beauty) ralentit considérablement le rythme, alourdit encore plus sa boucherie pour tous et le guitariste de Vélooo vient rejoindre le duo pour une séance d’équarrissage à trois, une lente agonie par saignée ; le groupe faisait déjà très mal, là il devient tout simplement éprouvant et malsain. Conclusion : méfiez-vous des gens qui portent des rouflaquettes.




Au début de la soirée quelques bonnes âmes avaient cru bon de se moquer : « quoi ? il y a vraiment un groupe qui s’appelle Vélo ? ». Sauf que ce Vélooo là s’écrit différemment, ne pédale pas dans la semoule et va rapidement faire ses preuves face à un public majoritairement composé de gens qui ne connaissent pas le groupe ; ça sert aussi à ça les concerts, à s’en prendre plein la gueule.
Avec une formation guitare/basse/batterie plus classique et une musique moins expérimentale que celle des copains de Danisco (For Beauty), VÉLOOO gagne pourtant la palme de l’énergie conquérante ; le trio joue une musique instrumentale beaucoup plus noise que matheuse – en fait : pas du tout matheuse –, portée pas une section rythmique ultra efficace – un gros son de basse et un batteur qui tape droit ça le fait toujours – et avec un guitariste qui sans jouer de la branlette héroïque assure toutes ses parties sans se chier dessus et sans loop station et extirpe vraiment de bonnes idées trépidantes de son instrument, avec de nombreuses pointes mélodiques torturées comme il faut au bruit électrique.
Et plus le concert avance et plus Vélooo fait monter la pression, dégomme de la danseuse stéroïdée et escalade les cols au grand braquet sans se fatiguer. Alors je reste et je jubile ; tant pis pour les excellents Tonnerre Mécanique qui jouaient exactement au même moment mais deux cents mètres plus loin, au Trokson : on ne peut pas être de partout en même temps…

 [des photos du concert ici]