vendredi 21 décembre 2012

La Pince / La Simple




Après une bonne démo CDr et surtout après un excellent concert en mars 2012 aux Capucins de Lyon, un concert chaud et humide comme on les aime ici, on peut enfin écouter le premier véritable album de LA PINCE ; bien sûr on mentirait effrontément en affirmant que La Simple était extrêmement attendu par toute l’équipe rédactionnelle de 666rpm mais ce disque il faut bien admettre qu’il fait un bien fou et qu’il provoque chez l’auditeur (très) moyen moult palpitations incontrôlables et largement autant de sueurs acides qui vous retournent les tripes et vous portent les synapses en ébullition en un rien de temps.
La Pince c’est avant toutes choses un (post) punk direct et frontal, tendu et sec, aiguisé et hargneux, dansant et jouissif. Punk as fuck comme le disent les esthètes urinophiles et autres amateurs de sensations fortes. La Pince s’embarrasse de pas grand-chose et sûrement pas de ce maniérisme qui pourrit trop souvent les groupes qui veulent jouer de la musique à la manière de ; on ne dit pas que La Pince c’est de l’originalité à tous les étages ni la révolution mais c’est quand même la secousse permanente dans cette façon qu’à le groupe de te balancer son noise punk dans le lard – pas de tergiversations ou d’hésitations, pas de compromis et surtout pas d’embellissements inutiles : il faut que ça (se) sente, il faut que ça sue et que ça pue un minimum sinon ce n’est assurément pas de la musique.
On retrouve tous les titres de la démo précitée sur La Simple mais ce que l’on remarque plus que tout c’est que La Pince a mis les bouchées doubles, a du bouffer du speed avant d’enregistrer ce premier album et que le groupe a su trouver ces quelques trucs tout simples qui sur bandes rendent sa musique encore plus âpre et plus nerveuse. Le chant suit parfaitement ce mouvement et sort du terrain de jeu balisé d’un côté par Rotten/Lydon et de l’autre par Biafra, il gagne en hargne, les glaviots pleuvent toujours autant mais désormais ils ont une couleur encore plus dégueulasse. On apprendrait aussi que La Simple a été enregistré au milieu de nulle part et surtout au milieu d’une pièce avec un musicien du groupe dans chaque coin et un micro au milieu que l’on n’en serait pas plus étonné que cela tellement ce disque, encore une fois, transpire.
Enfin, et tout cela aurait sinon servi à rien, La Pince sait foutrement bien bazarder ses compositions ; quatorze titres qui torpillent dru et lardent sèchement, des mélodies simples mais à se damner, avec des lignes de basse tentaculaires et une guitare en mode limaille de fer incandescente, comme si elle nous infligeait une multitude de petites brûlures, bien profondes et bien nettes. On pense également avoir décelé une petite coquetterie et pas des moindres : sur Môa Je Pêche Là (tous les titres des compositions sont en franzouziche vosgien mais tous les textes eux parlent langliche bruxellois), le guitariste tombe en partie son instrument pour se concentrer sur une drôle de petite meuchine qui tiendrait presque du chargeur de batteries de voiture si elle ne générait pas des stridences et autres bourdonnements délicieusement brulants eux aussi. Une gégène pour danser, quoi.

[La Simple est publié en vinyle (accompagné d’un CDr et d’un insert avec les paroles) par Attila Tralala, Boom Boom Rikordz et Katatak records]