vendredi 11 janvier 2013

Drive With A Dead Girl / Hotel California’s




Décidément DRIVE WITH A DEAD GIRL ne me laissera jamais tranquille. Tout comme Fives, l’album précédent de ce groupe de Lille, le petit nouveau Hotel California’s* est un disque irritant mais qui vous accroche ; ou – si on préfère – un disque prometteur mais qui vous déstabilise. La principale qualité de Drive With A Dead Girl consiste donc en ce rapport entre amour et rejet, plaisir d’offrir et haine de recevoir, le cul entre deux chaises et la tête en bas, les tortures exquises et le souffle coupé.
J’ai un temps été tenté de faire à propos d’Hotel California’s un simple copier/coller de la chronique consacrée à Fives mais cela aurait été injuste pour celui-ci comme pour celui-là. Car ces deux disques sont au final fort différents – ce qui ne les empêchent pas d’avoir de nombreux points communs –, ils possèdent tous les deux leur caractère propre or qu’ils arrivent in fine à susciter le même genre de réactions épidermiques ne démontre qu’une seule chose : Drive With A Dead Girl est un groupe avec un foutu caractère et une foutue personnalité. Rien ni personne ne pourra jamais enlever cela au groupe.
On trouvait Fives beaucoup trop long : il se trouve qu’Hotel California’s est un album beaucoup plus court, beaucoup plus ramassé, d’apparence (mais d’apparence seulement) plus intimiste et plus calme, avec des guitares moins fourailleuses et plus aériennes. Dans le détail, ces guitares ne s’interdisent rien non plus, les sons plus clairs ne cachent pas la tension ni les sautes d’humeur (le très beau Dodoma) et si l’ambiance est toujours plus orientée du côté des 80’s réfrigérées et maladives – en opposition aux 80’s plus explosives et plus destructrices – jamais Hotel California’s ne nous permet de nous endormir confortablement (le très réussi Animals). Plus cold que noisy (donc), ce disque n’impose aucune évidence ou fait acquis sans avoir auparavant trituré tout ça dans tous les sens et pourtant, pourtant, la musique de Drive With A Dead Girl reste très directe et immédiate. Mais on n’en est plus à une contradiction près avec ce groupe et surtout avec ce qu’il nous inspire.
D’ailleurs, dernière contradiction et pas des moindres, le morceau titre Hotel California’s placé en avant-dernière position sur le disque : seule composition vraiment longue de l’album avec plus de onze minute d’une lente montée cauchemardesque et embrumée démarrant dans l’inquiétude rampante, puis faussement endormie et s’achevant dans le plus parfait désert nihiliste. Une fausse débauche sonique servant de passerelle vers un Gamma aux allures de rédemption et sur lequel on goûte une dernière fois au chant d’Alexia, prêtresse anguleuse, tout aussi fragile qu’intraitable, à la fois si attachante et si inaccessible**.

[Hotel California’s est disponible en CD uniquement chez Lineaments records, le propre label de ces jeunes gens]

* petit nouveau paru en juin 2012 mais qui depuis a déjà un successeur, Hostal California’s EP ; toute la discographie du groupe, virtuelle ou non mais en tous les cas pléthorique, est disponible sur la page bandcamp de Drive With A Dead Girl
** mais rien de vaut l’expérience d’un concert…   chacun pourra vérifier qu’il est bien ce fan déboussolé de Drive With A Dead Girl lors d’une mini tournée que le groupe effectuera au mois de février 2013 en compagnie de leurs amis consanguins de Berline0.33 – les dates sont les suivantes :




le 16/02 à Lyon [la Triperie]
le 18/02 à Marseille [La Machine A Coudre]
le 21/02 à Perpignan [L’Ubu]
le 22/02 à Pau [le Localypso]
le 23/02 à Rennes [dans le salon des K-Fuel]